Devenir immortel et puis mourir
de Éric Faye

critiqué par CC.RIDER, le 23 octobre 2024
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Bizarre autant qu'étrange
Un écrivain en panne d’inspiration et toujours à la recherche de la formulation la plus limpide est dérangé par des coups frappés dans le mur de son appartement à chaque fois qu’il essaie de se mettre à l’ouvrage. Bizarrement, le logement mitoyen d’où doit venir le bruit est inoccupé… L’écrivain Franz Kafka n’arrive plus à écrire que dans le silence complet de la nuit, quand toute sa famille dort et qu’enfin rien ne le dérange plus… Vers 215 avant J-C, le premier empereur de Chine Huangdi rêve de devenir immortel. Selon une rumeur colportée par des marchands, dans une île lointaine, certains hommes y seraient parvenus en consommant un champignon introuvable ailleurs. Il envoie une grande expédition maritime dans cette direction. Mais les années passent et pas un seul bateau ne revient… De nos jours, un physicien spécialiste de l’infiniment petit est invité au Japon pour un congrès. Il cherche en vain à apercevoir le Mont Fuji-Yama, perpétuellement caché dans les brumes et les nuages. Il en est même à se demander si le site le plus célèbre du pays n’est pas un simple mythe…
« Devenir immortel et puis mourir » est un recueil de quatre nouvelles d’intérêt, de registres et de style variés. La première, intitulée « L’inachèvement » relève plutôt de l’étrange du quotidien. Elle est particulièrement réussie autant sur le fond que sur la forme avec une construction solide et une fin surprenante. « La nuit du Verdict » qui met en scène Kafka est de loin la moins réussie à notre goût. Même thème que la première, mais intrigue inconsistante. La troisième, au titre éponyme, est un petit bijou. Elle domine les trois autres. Le fantastique est amené à son meilleur avec cet empereur devenu quasi immortel de devoir attendre le retour d’une expédition devant lui apporter la fameuse potion d’immortalité. La rencontre et le dialogue avec Mao mérite le détour. La dernière, « Le mur de Planck », est plutôt une sorte de conte philosophique sur la solitude et l’éternelle quête d’un absolu inaccessible à l’homme. Au total, trois nouvelles réussies sur quatre. Donc un opus à conseiller aux amateurs du genre.