Nuits de Satan noir
de Jean-Loup Nollomont

critiqué par Débézed, le 19 octobre 2024
(Besançon - 77 ans)


La note:  étoiles
Léo Ferré aurait dit c'est extra !
Comme de nombreux lecteurs, je suppose, quand j’ai vu le titre de ce recueil, j’ai eu envie de plagier Léo Ferré et de chanter : « C'est extra / Un Nollomont qui chante les nuits / Comme un Satan de noir d’marié / … », mais le Satan de Léo n’est que satin et son blanc est de noir. La lecture du titre m’a mis dans les meilleures dispositions pour entrer dans ce recueil, Jean-Loup a une belle finesse d’esprit et si en pus il connait Léo Ferré, la promesse d’une fort belle lecture ne peut être qu’évidente !

Dans ce recueil de petit format Jean-Loup propose de très courtes histoires, un peu plus de trois cents selon la numérotation du recueil. Dans ces concentrés de texte, il tricote, détricote, retricote les mots comme les nouveaux couples composent, décomposent et recomposent leur famille. Il excelle dans l’art du détournement d’expressions consacrées pour leur donner un tout autre sens beaucoup plus jubilatoire. Ainsi, il redonne du sens, un autre sens, à des expressions par trop convenues. Il jongle avec les mots comme d’’autres avec des balles ou d’autres joujoux pour les déplacer, les mettre ailleurs, là où ils donneraient un autre sens au texte d’où ils ont été extraits.

Ainsi naissent sous sa plume des jeux de mots hilarants, des paradoxes inattendus, des incongruités surprenantes et d’autres formes de texte encore. J’ai relevé quelques nouvelles qui m’ont tout particulièrement amusé et même plongé dans de fous fous rires.

Enfant du pays de Pergaud, je ne pouvais pas laisser échapper celle-ci : « Face au miroir, dans un accès de fièvre juvénile, l’adolescent déclara la guerre à ses boutons ». Et, celle-là à l’attention de tous les profs de math et j’en connais quelques-uns : « La gamine avait appris à compter sur ses orteils. Elle calculait comme un pied ». Jean-Loup ne résiste pas non plus au plaisir de glisser une petite coquinerie, par-ci par-là, au gré de ses nouvelles , comme celle-ci tout en finesse : « Il appréciait beaucoup les pomme pomme girls du Calvados. Son faible pour les petits trous normands n’étonnait donc personne ».Et il y en a des dizaines et même quelques centaines de tout aussi désopilantes.

La lecture de ce recueil le soir avant de dormir vous assurera une « Nights in white satin » à la mode des Moody Blues. Merci à Jean-Loup pour ces textes désopilants et pour cette cure de nostalgie bien venue.