Ouragans tropicaux
de Leonardo Padura

critiqué par Tistou, le 17 octobre 2024
( - 68 ans)


La note:  étoiles
Série Mario Conde, épisode 10
Episode 10 et dernier en date, passablement crépusculaire. On le sait Mario Conde n’est plus inspecteur de police, il a démissionné et il survit dans la vente d’ouvrages littéraires anciens et dans ses relations toujours aussi importantes avec sa communauté d’amis, de frères, tous autant désabusés et désargentés que lui. La Havane dans sa misère au quotidien pour qui ne se lance pas dans les trafics en tous genres.
Pour donner le pitch du roman, je ne ferai pas mieux que la 4ème de couverture alors allons-y (!) :

»2016. La Havane reçoit Barack Obama, les Rolling Stones et un défilé Chanel. L’effervescence dans l’île est à son comble. Les touristes arrivent en masse. Mario Conde, ancien flic devenu bouquiniste, toujours sceptique et ironique, pense que, comme tous les ouragans tropicaux qui traversent l’île, celui-ci va s’en aller sans que rien n’ait changé.
La police débordée fait appel à lui pour mener une enquête sur le meurtre d’un haut fonctionnaire de la culture de la Révolution, censeur impitoyable. Tous les artistes dont il a brisé la vie sont des coupables potentiels et Conde a peur de se sentir plus proche des meurtriers que du mort … »


Finalement on peut avoir l’impression que Leonardo Padura regrette d’avoir fait démissionner Mario Conde ! Toujours est-il que, hautement considéré en terme de qualité d’enquêteur, on lui confie une sale enquête, que Mario Conde doit conjuguer avec les nuits qu’il passe comme vigile de luxe dans une boîte de nuit tenue par un ami et qui lui assure sa pitance.
Si un auteur entre bien en résonance avec ma quête d’auteurs de polars du monde entier donnant à vivre, à sentir la société et la vie dans leur pays, c’est Leonardo Padura. On vibre littéralement dans la déchéance perpétuelle cubaine, la débrouille et le sentiment, dans le cas précis de Ouragans tropicaux, que la venue d’Obama puis des Rolling Stones furent des évènements, réels, au retentissement qu’on a du mal à concevoir avec nos lunettes d’occidentaux. On a compris que Mario Conde n’était pas dans cette mouvance puisqu’il assimile cet « ouragan sociétal » a un évènement aussi fugace et transitoire qu’un véritable ouragan. Désabusé, il l’est notre homme. A raison à mon avis. Cuba reste Cuba, fermé à l’extérieur et royaume de la débrouille sous couvert idéologique.
Ouragans tropicaux m’a paru plus consistant que les épisodes précédents de Mario Conde, mais toujours aussi plaisant. On peut même commencer à aborder Mario Conde par cet épisode sans lire les neuf précédents, ça ne pose pas de soucis.