Le harem du roi
de Djaïli Amadou Amal

critiqué par Krys, le 17 octobre 2024
(France-Suisse - - ans)


La note:  étoiles
Superbe
Quelle fantastique plongée au coeur des Lamidats ! On y découvre toute la complexité de ces chefferies traditionnelles au fil des pages : le roman se construit et vogue entre leurs fonctions historiques (la résistance au colonialisme qu'elles incarnent), leurs fonctions religieuses, sociales et politiques.
Avec, au centre du récit, le harem du roi. Pourquoi et sur quelles bases un harem peut encore exister en 2024 et surtout quel est son fonctionnement: je vous laisse découvrir tout cela dans le livre.
L'auteure donne tout à tour la parole aux différents personnages (le roi, sa femme, ses concubines), dévoilant leurs sentiments, pensées et parcours de vie sans jamais donner le moindre jugement de valeur et sans jamais faire de discours moralisateur : telle est la force de ce livre.
A chacun de se faire sa propre opinion, en ayant en tête toute la complexité de la situation. Allier tradition, religion, modernité et conditions humaines: un enjeu bien difficile à qui voudra bien s'y frotter !

De plus, l'écriture ne déçoit pas : fluide, simple et jolie. On a du mal à lâcher ce roman jusqu'au point final.
Ce troisième roman de l'auteure (après le fameux "les Impatientes" et "Au coeur du Sahel") est à lire, à n'en pas douter.

"Les chaînes invisibles des mentalités sont les plus dures à briser." p.289

"La société est toujours encline à juger sans jamais se mettre à la place de l'autre. Les gens n'ont pas tous les mêmes sensibilités." p.109