Maison Blanche - En coulisses avec Obama, Trump et Biden
de Jérôme Cartillier (Scénario), Karim Lebhour (Scénario), Aude Massot (Dessin)

critiqué par Blue Boy, le 16 octobre 2024
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Au cœur de la présidence US
Dans moins d’un mois, les regards du monde entier seront tournés vers la Maison blanche, qui verra siéger dès janvier et pour quatre ans le nouveau président (ou la nouvelle présidente) des Etats-Unis. L’occasion pour les auteurs de braquer les projecteurs sur cette « vitrine » prestigieuse de l’une des plus grandes démocraties du monde, pour en révéler les coulisses, bien souvent sous un jour pour le moins inattendu !

Saviez-vous que « P.O.T.U.S. » est le doux surnom donné au président par les journalistes officiant au sein de la « White House », lequel signifie « President of the United States » ? Que le fait que ces journalistes, justement, soient présents en permanence est une exception américaine, parce que « les Américains attachent une grande importance à la transparence du pouvoir » ? Que la Maison blanche ressemble plus à une auberge espagnole, très contrôlée certes, mais aux antipodes de notre palais de l’Elysée quasi totalement coupé du monde ? Ainsi, cet éminent centre du pouvoir chez l’Oncle Sam reste constamment animé du fait des allers et venues des différents visiteurs, officiels, journalistes ou simples touristes.

Toutes les anecdotes contenues dans ce documentaire sont révélées par la voix de Jérôme Cartillier, correspondant à l’AFP à la Maison Blanche, des anecdotes recueillies par Karim Lebhour, journaliste et auteur de plusieurs docu-BDs. On y apprend pas mal de choses sur les quatre mandats qui ont vu se succéder depuis 2008 Obama, Trump et Biden, des détails instructifs, dont certains assez croustillants, parfois aussi édifiants que révélateurs sur la politique américaine et son évolution, notamment, comme on peut s’en douter, avec l’élection du « président orange », l’homme qui passe le plus clair de son temps à tweeter devant l’écran géant qu’il a fait installer dans la « dining room » et considère la Maison blanche comme un « taudis » (car en effet, on peut y voir passer des souris dans l’aile ouest !).

Symbole entre tous les symboles, le Bureau ovale est le lieu emblématique et mythique de la présidence. Sa forme a été inspirée par George Washington lui-même qui y voyait le symbole de la démocratie. L’ouvrage dresse également un historique de la célèbre résidence présidentielle et de la ville qui l’abrite, car il faut le rappeler, Washington, dit Washington D.C., est administrée par le Congrès et n’appartient à aucun Etat.

« Maison blanche, en coulisses avec Obama, Trump et Biden » nous offre également une séquence sur l’Air Force One, l’avion présidentiel un brin vieillot que certains qualifient parfois de « bureau ovale volant », et explique pourquoi la structure gouvernementale triangulaire, composée non seulement de la « White House » mais aussi du Congrès et de la Cour suprême, vise à empêcher les abus de pouvoir, limitant souvent l’action du Président par un blocage politique. Sans doute le prix à payer pour préserver une certaine idée de la démocratie.

Le dessin tout en simplicité d’Aude Massot, qui en est à sa seconde collaboration avec Karim Lebhour, accompagne parfaitement l’ouvrage et son côté enfantin confère beaucoup de dynamisme à la narration. Ce qui convient tout à fait pour ce type de documentaire, qui cherche d’abord à témoigner le plus objectivement possible d’un sujet donné avant de fournir matière à polémique, même si la tentation peut être grande dans le contexte particulier de la campagne électorale en cours. Tout au plus peut-on y déceler une touche d’ironie, mais « Maison Blanche » se veut d’abord instructif tout en restant accessible. Et tant pis si les présidents ne sont pas forcément ressemblants, Trump notamment apparaissant bien plus svelte que dans la réalité, mais l’autrice ne prétend pas être caricaturiste, et cela ne gêne en rien la lecture.

Pour peu que l’on s’intéresse à l’élection américaine, dont l’échéance se rapproche à grands pas, cette lecture tombe à point nommé. On apprécie l’aspect ludique de l’exercice, qui dans l’esprit rappelle beaucoup cette autre BD parue il y a quelques mois, « Dans les couloirs du conseil constitutionnel », de Marie Bardiaux-Vaiente et Gally. C’est d’ailleurs bien pour cette capacité à traiter des sujets pas forcément engageants à la base que le neuvième art s’est imposé dans le registre documentaire depuis plusieurs années.