Eyes without a face
de Marie Baudet

critiqué par Blue Boy, le 16 octobre 2024
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Les tribulations d'une idole déchue
Sylvain Fardot, c’était la star de la série TV « Un si beau bonheur », avant que la production ne décide de faire mourir son personnage dans un crash d’avion. Pour tenter de soigner sa déprime, le jeune homme quitte Paris pour venir se ressourcer chez ses parents près de Lourdes, tel le fils prodigue. En attendant une hypothétique proposition de tournage, il s’essaie à l’écriture. Le miracle de la résurrection aura-t-il lieu ?

« Eyes without a face », c’est d’abord un tube de Billy Idol, star de la pop punk des années 80, mais aussi le titre qu’a choisi Marie Baudet pour son second album. Elle nous replonge ainsi dans l’atmosphère de cette époque pour raconter l’histoire de ce « loser magnifique » qu’est Sylvain Fardot (évidemment inventé, faut-il le préciser ?), qui supporte mal de ne plus être sous les feux de la rampe. C’est en découvrant le clip du rocker british qu’il décide de s’identifier à son personnage, espérant ainsi sauver sa popularité. Mais ses parents s’inquiètent de son nouveau look, teinture blonde-platine et piercing raté. Sa sœur Stéphanie quant à elle est excédée par son comportement de diva du petit écran.

L’ouvrage, qui se lit très vite, s’apparente à une farce tragi-comique, brocardant au passage avec un humour grinçant le milieu de la télévision et ses vedettes d’un jour.Plutôt bien brossé, le portrait de Sylvain Fardot le bien nommé est emblématique de ces personnalités qui connaissent la célébrité sans envisager qu’elles puissent un jour retourner dans l’anonymat, et préfèrent se la raconter en s’imaginant être le centre du monde. Fardot apparaît ainsi comme une diva à la fois horripilante et pathétique dans son immaturité, provoquant des situations cocasses où il se mue en victime : rembarré constamment par sa sœur (à juste titre), blessé en se perçant l’oreille ou encore assommé par un jambon dans le Super U où il était invité à une séance de dédicaces.

L’approche graphique de Marie Baudet, très éloignée des codes de la bande dessinée, évoque un style pictural où disparaissent les contours, sorte de pop-art impressionniste. On pourra apprécier ou pas l’imprécision des formes et les visages dépourvus d’yeux, de nez et de bouche (à l’exception de Billy Idol), c’est une affaire de goût. Née en 1983, l’autrice s’est davantage attachée à produire une atmosphère « eighties », en mettant en avant des éléments et objets d’époque (la Fiat Panda, les Mikado, les lampes à lave…). Les nostalgiques de cette période devraient être comblés, mais on imagine que l’histoire se déroule tout de même à notre époque étant donné la présence de smartphones et de laptops.

Si ce portrait discrètement incisif tient plutôt d’un registre récréatif, les amateurs d’objets consistants pourront toutefois regretter le côté quelque peu superficiel de l’exercice, pour un ouvrage au propos certes digne d’intérêt, loin d’être désagréable, mais un peu anecdotique.