Tout brûler
de Lucile de Pesloüan

critiqué par CHALOT, le 13 octobre 2024
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
un brûlot contre l'inceste et l'omerta
Tout brûler

Stella qui a été victime d'un inceste, n'écrit pas un roman mais s'exprime à propos du crime qu'elle a subi, avec des mots forts, des expressions et des textes à propos des traumas, de l'agression, de l'envie de s'enfuir, de celui de voir disparaître les coupables.
La forme de ce livre est original, certes, ce n'est pas le récit raconté mais un réquisitoire convaincant et émouvant contre l'omerta qui perdure .
L'inceste c'est un viol qui peut commencer très tôt et qui brise la personne qui l'a subi.
L'écrivaine s'en prend au monstre, à ceux qui savaient et qui se taisaient et aussi à ceux qui veulent que cela reste en famille !?
Cette femme à la vie brisée et qui veut se construire n'excuse pas celui ou celle qui n'a pas bougé.
Aux yeux du monde, la fille violée « devient la personne par qui le mal est arrivé »
Elle va loin mais son trait est juste :
« Œdipe , c'est un mythe
et si Freud n'avait pas vécu dans une société où l'homme est tout-puissant et les enfants des moins-que-que rien, sa première théorie aurait peut-être vu le jour :
l'abus sexuel est à l'origine des névroses »
Aujourd'hui, trente ans après , elle porte plainte.
Comment devient-on mère après avoir vécu cet enfer ?
Stella protège sa fille et n'ose pas l'envoyer dormir dans la famille ou chez d'autres personnes.
Elle attend la mort de ses parents pour ouvrir les albums photos de son enfance.

Jean-François Chalot