Les arcanes noirs de l'hitlérisme : 1848-1945, l'histoire occulte et sanglante du pangermanisme
de Robert Ambelain

critiqué par CC.RIDER, le 6 octobre 2024
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Face obscure
Le courant porteur du national-socialisme hitlérien, responsable de dizaines de millions de morts militaires et civils, remonte à nettement plus longtemps que la période 1933-1945. Il vient des profondeurs d’un pangermanisme raciste, païen, manipulé par toutes sortes d’influences ésotériques aux racines quasi ancestrales. Le nazisme ne serait donc que la partie émergée d’un iceberg plutôt sombre. En effet, après chaque défaite de l’Allemagne (guerres napoléoniennes, premier conflit mondial) cette tendance lourde ressurgit toujours plus puissante avec la volonté de réunir toutes les populations germanophones et d’annexer tous les territoires anciennement ou vaguement germains, de la Pologne à la Bourgogne, sans oublier une grande partie des pays d’Europe centrale, histoire d’assurer la suprématie allemande sur toute l’Europe et même au-delà. Ainsi Bismarck en fut un adepte particulièrement actif. Pour affaiblir l’Empire Austro-hongrois et réaliser le projet, il n’hésita pas à s’impliquer dans le double assassinat de Mayerling, maquillé en suicides, et dans l’attentat de Sarajevo qui eut les conséquences dramatiques que l’on sait. Hitler ne fit donc que poursuivre une œuvre de longue haleine qui devait, une fois la réunion germanique réalisée (Anchluss de l’Autriche, récupération des Sudètes, etc.), obtenir la main-mise sur l’ensemble de l’Europe et pourquoi pas plus avec le « Drang nach Osten » (conquête de l’est). Le nazisme était donc une énième tentative des forces obscures pour arriver à leurs fins totalitaires…
« Les arcanes noirs de l’hitlérisme » est un essai historique abordant le côté sombre de l’Allemagne avec toutes les sociétés secrètes comme la Thulé Gesellschaft qui avait pour emblème la croix gammée, le mouvement du Vril très inspiré d’un bouddhisme tibétain très particulier qui influencèrent et peut-être manipulèrent Hitler. Si Hess en fit partie, ce ne fut pas le cas d’Hitler qui pourtant s’en inspira complètement. Le monstre à moustache n’inventa rien. Le lecteur en apprendra de belles à son sujet. Il avait une véritable ascendance juive par sa grand-mère servante chez un notable juif, le baron Frankenberg qui l’avait mise enceinte. La famille versa d’ailleurs une pension alimentaire à vie pour l’enfant (futur père du Führer) nommé Aloïs Hiedler qu’une erreur de copie administrative transforma en Hitler. Alois se maria avec sa cousine, Klara Polzi qui lui donna quatre enfants après en avoir perdu trois autres en bas âge. Hitler était 3e de la fratrie. Il avait une malformation de l’appareil génital et contracta, sans doute au bordel de campagne, une syphilis jamais correctement soignée qui ne fit que s’aggraver au fil du temps et entrainer des problèmes moteurs et mentaux. On notera autour de lui la présence de toutes sortes de personnages louches comme des mages qu’il ne conserva que quand ils lui prédisaient la victoire, un médecin personnel assez particulier, et, entre autres, un certain Otto Rahn dont on ne sait trop s’il portait son véritable nom, s’il était agent secret ou véritable chercheur, qui séjourna longtemps en Ariège autour des châteaux cathares à la poursuite du Graal et autres trésors wisigoths. Ouvrage documenté très intéressant qui ne se consacre pas uniquement aux fameux arcanes, mais aussi à bien d’autres aspects de la période. Bonne vulgarisation pour qui s’intéresse au sujet. Conclusion datée et un peu discutable sur les mouvements néo-nazis qui réapparurent à la fin du XXe lors du démantèlement de l’Allemagne de l’Est. Le ventre de la bête immonde est toujours fécond, semble conclure l’auteur. L’avenir nous a montré plutôt une métamorphose, une infiltration assez différente de ce qu’il pouvait imaginer.