Mémoires d'un rebouteux breton
de Catherine École-Boivin

critiqué par Catinus, le 29 septembre 2024
(Liège - 73 ans)


La note:  étoiles
Récit très attachant
L’auteur de ce livre a recueilli les propos d’un rebouteux breton de quatre-vingt-cinq ans. « Nous avons discuté parfois durant des heures, soit cent quatre-vingts heures d’enregistrements. » Alors que le livre était prêt pour l’impression, ce monsieur a préféré que son nom n’apparaisse pas dans sa biographie. Il craint qu’on lui reproche d’avoir écrit sur son métier, un métier que pourtant il a tant aimé et puis, par-dessus tout, qu’on ne le laisse pas en paix alors qu’il ne souhaite rien d’autre que de s’occuper de son jardin, jouer aux cartes et passer du temps avec ses amis.
Il est né dans une famille très pauvre, de père et de frère rebouteux. Très tôt, il est placé dans une boucherie où il est exploité plus que honteusement. Il parvient à acheter une boucherie et en même temps il pratique les soins de rebouteux. Petit à petit, il s’enrichit et devient quelqu’un que l’on vient consulter de loin, de très loin. Tout au fil de la lecture, ce monsieur nous raconte quelques-uns de ses soins apporté à des personnes souffrantes qui avaient perdu tout espoir de guérison. Rejoindre des os désarticulé, des vertèbres déplacées, des massages opérant sur des muscles raidis, tels sont les principaux principes de cette science souvent décriées. Plusieurs médecins demanderont, plus ou moins humblement, ses conseils.
Un récit très attachant !

Extraits :
- J’ai été formé avec l’idée que je ne vaux rien. Cette obéissance nous vient de l’école : obéir, accepté d’être tapé, humilié. Jamais on ne nous inculque l’idée d’une possible fraternité. Suprématie du maître sur l’enfant, du patron sur l’ouvrier : l’éducation ne nous donne pas les clés pour penser par soi-même.

- Rebouteux, « traiteur », soigneur et boucher, je suis tout à la fois. Je suis rebouteux de père et de mère en fils, un héritier des gens qui m’ont précédé et qui ont sauvé, avec leur savoir, les malheureux et les blessés. En fin diplômé, je vais m’installer et avoir pignon sur rue. Je vends ma boucherie et mes bêtes.

- Je soigne la colonne et les membres à chaud, après les avoir massés, mais aussi je me lave les mains après chaque soin. Je perçois mieux la peau de chacun ainsi, je pars avec une sensation neuve. Au fond, mon travail, c’est quoi ? Je pense qu’il y a un fond de réparation au niveau social, si on part du principe que tout se remmaille, même les drames les plus critiques.