La fileuse de verre
de Tracy Chevalier

critiqué par Pascale Ew., le 21 septembre 2024
( - 57 ans)


La note:  étoiles
Murano et ses verriers à travers le temps
Orsola Rosso fait partie d’une famille de verrier sur l’île Murano. Elle naît en 1477. Chez les Rosso, on est verrier de père en fils, mais les filles s’occupent du ménage. Orsola aspire à autre chose. Après la mort accidentelle de son père, elle apprend à fabriquer des perles de verre en cachette de son frère Marco qui dirige l’atelier.
L’histoire fait des bonds dans le temps, mais la famille ne vieillit pas au même rythme. La peste surgit en 1574 et la famille est mise en quarantaine. Pendant ce temps, Orsola tombe amoureuse d’un apprenti fils de pêcheur, Antonio Scaramal, mais leur histoire est impossible.
Au fil des années et des siècles, le travail des Rosso évolue en fonction des événements historiques qui le détermine : la perte de statut de port franc de Venise, la concurrence d’autres pays ayant acquis les secrets de fabrication du verre de Murano, l’invasion par les Autrichiens, les guerres napoléoniennes, …
L’auteure balaie les périodes en 1755, 1797, 1915 et 2019. La famille s’agrandit et se réinvente sans cesse dans ses créations. Orsola participe souvent aux tractations entre autres avec les marchands à Venise qui exportent leurs pièces et ses perles à travers le monde.
Le lecteur suit avec plaisir les tribulations des Rosso à travers les générations et les âges. Le choix de Tracy Chevalier est pour le moins original de faire vivre ses personnages dans deux fuseaux temporels différents par rapport à la grande Histoire, comme si le métier du verre était presqu’intemporel, isolé sur son île de Murano, préservé du monde extérieur mais cependant tributaire de ses aléas. Les Rosso sont restés confinés sur leur île pour la plupart tandis que leurs œuvres parcouraient le monde entier. Un bel hommage !
Tracy Chevalier s’est attelée à décrire la verrerie dans tous ses détails pour mieux nous le faire apprécier.