Lettre sur le rôle de la littérature
de Pape Francois

critiqué par Saint Jean-Baptiste, le 21 septembre 2024
(Ottignies - 88 ans)


La note:  étoiles
Le Pape François nous écrit
Le Pape François ne cessera jamais de nous étonner. Après avoir écrit son encyclique Laudato si, qui nous rappelle nos devoirs envers notre « maison commune » et dont le retentissement a été planétaire, voila qu’il nous sort une lettre qui devrait réjouir tous les CLiens, et aussi tous les profs de littérature, et finalement tout le monde. Le pape y fait l’éloge du livre ; il nous dit qu’on est beaucoup plus actif dans la lecture d’un livre qu’en écoutant les médias audio-visuels : « le lecteur réécrit en quelque sorte l’œuvre, il l’amplifie avec son imagination, crée un monde, utilise ses capacités, sa mémoire, ses rêves, sa propre histoire pleine de drames et de symboles. Et ce qui en ressort est une œuvre bien différente de celle que l’auteur voulait écrire ». Et il nous affirme qu’un bon livre « nous aide à trouver la tranquillité de l’âme ».

Le pape nous apprend qu’il a enseigné la littérature dans les deux dernières classes d’un lycée à Santa Fe et puis il nous confie qu’il aime les artistes tragiques « parce que nous pouvons tous ressentir leurs œuvres comme nôtres, comme expression de nos drames. (…) En pleurant sur le sort des personnages, nous pleurons en réalité sur nous-même et sur nos vides, sur nos défauts, sur notre solitude... ». Mais le pape nous recommande de bien choisir nos livres : il nous dit de ne pas lire par obligation, pour lire les livres qui sont à la mode et que tout le monde a lus. « Il faut s’efforcer, nous dit-il, de trouver ce dont nous avons besoin à chaque moment de notre vie ». Et personnellement, j’ai pensé que pour ça, CritiquesLibres était un outil de prédilection.

Le Pape François n’oublie pas qu’il est un pape. En quelques lignes il recommande que la littérature fasse partie de la formation des prêtres et ce sont quelques lignes qui n’intéresseront pas tout le monde. Mais plus loin il nous dit le grand bien de la lecture pour le développement de l’intelligence, de l’imagination, de la créativité et finalement pour apprendre à vivre. Pour lui, lire un livre c’est « écouter la voix de quelqu’un : nous nous immergeons ainsi dans l’existence concrète et intérieure du vendeur de fruits, de la prostituée, de l’enfant qui grandit sans ses parents, de la vieille femme qui croit encore qu’elle trouvera son prince (…) et avec un livre la personne la plus abandonnée ne se sent pas seule ». Et puis le pape souligne l’importance de la poésie : « le monde contemporain souffre d’une incapacité émotionnelle généralisée (…) je crois, nous dit-il, qu’il manque un peu de poésie à l’occident ».

Le style du pape est surprenant de simplicité. Autrefois les papes employaient un tas de circonlocutions pour préciser le sens exact de chacune de leurs affirmations, comme pour se prémunir des critiques et des malentendus. Mais notre Pape François a mis en pratique le précepte de Boileau : « ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément ».

Cette lettre n’est ni pontifiante ni doctrinaire, elle s’adresse à nous tous, en toute familiarité ; j’imagine une réunion de CLiens assis autour du pape à discuter du plaisir de lire des bons livres après avoir consulté les critiques de notre site favori. J’avais envie de reproduire toutes les phrases de cette lettre tellement elles sont simples et belles mais ma critique est déjà beaucoup trop longue et je m’arrête ici en vous engageant à lire cette lettre puisqu’elle s’adresse à nous.