Pas même le bruit d'un fleuve
de Hélène Dorion

critiqué par Septularisen, le 15 septembre 2024
( - - ans)


La note:  étoiles
UN LIVRE COMME... UN RECUEIL DE POÉSIE!..
«Pas même le bruit d’un fleuve» est l’histoire d’Hanna, une jeune femme d’une trentaine d’année, canadienne vivant à Montréal. Elle vient juste de perdre Simone sa mère, et en triant ses effets affaires, elle découvre une boîte remplie de cahiers, d’une mystérieuse photo, et de plusieurs coupures de journaux très anciennes concernant le naufrage du paquebot «Empress of Ireland», dans l’estuaire du Saint-Laurent en 1914. (1)

Si Hanna se souvient effectivement d'avoir vu à de nombreuses reprises sa mère écrire dans ces cahiers, elle ne savait pas que c’était je journal de sa mère, et surtout que sa mère écrivait aussi des poèmes. Mais, des questions demeurent. Qui est l’homme beaucoup plus âgé que Simone, présent avec elle sur la photo? Et surtout, quel est le rapport entre sa mère et le mystérieux naufrage d’un bateau anglais au Canada, il y a plus de cent ans?

Hanna décide alors, - dans une sorte de voyage du «souvenir», de descendre le cours du fleuve Saint-Laurent en compagnie de sa meilleure amie, jusqu’à Kamouraska. Son but au cours de ce voyage? Essayer de comprendre la «part d’ombre» dans la vie de sa mère, et surtout de trouver le fil qui rattachera son histoire personnelle à celle de Simone…

Que dire sur ce livre? En partant d'une histoire très classique, celle du fils/fille/époux/épouse etc. qui après la disparition de l’être cher, découvre la «double vie» de l’être aimé, et ceci à travers la lecture de cahiers (2), lesquels qui vont aussi permettre permettre. - en même temps que leur lecture par l'héroïne -, la découverte de ce «jardin secret», par le lecteur du roman...
Mme. Hélène DORION (*1958), arrive toutefois à bien «renouveler» le thème, et à nous offrir un magnifique roman très original. C'est vraiment une belle histoire, bien amenée, bien exposée, bien développée... Il y a beaucoup de souffle, d'amplitude, et de très belles descriptions de la mer et surtout des paysages canadiens.

Que dire de plus? Et bien tout d’abord: Qu’est-ce que c’est bien écrit! On dirait de la poésie… Non!.. C’est de la poésie! C’est tellement beau que je pourrais lire le livre, même en ne connaissant pas l’histoire, même en n’aimant pas le thème, même avec des pages qui manqueraient! Si, si je vous assure, c’est vrai!
L’écriture est belle, délicate, sensible, ciselée, nostalgique, douce comme une caresse, franchement la plus belle écriture que j’ai lue depuis un moment! L’écriture «porte» littéralement le livre sur ses épaules, c’est un bijou de sensibilité d’écriture. On est plus pris par l’écriture que par l’histoire, et les pages ses tournent sans que l’on s’en aperçoive vraiment!..

Qu'est-ce que je n’ai pas aimé dans ce roman? Franchement pas grand-chose! Le fait que je ne mette pas cinq étoiles, s’explique par les incessants allers-retours dans le temps, et surtout les personnages qui «s’empilent», les uns après les autres, et qui m’ont parfois (trop à mon goût…), un peu perdu dans la continuité de l’histoire. Je me suis, - au cours de ma lecture -, demandé qui était qui dans le déroulé de la trame… Rien de très grave toutefois, il faut le dire aussi...

Qu’est-ce que j’ai aimé dans ce roman? Dois-je vraiment le dire? Tout! Mais surtout et avant tout… L’écriture! Je n’en dirai pas plus sur cette merveille, je vous en laisse la découverte, lors de votre lecture de ce roman, dont j’espère vous avoir convaincu de l'unicité avec cette recension! Encore une fois, on dirait vraiment, mais alors vraiment, de la poésie! D’ailleurs Mme. DORION, est surtout connue pour être une poétesse… Cerise sur le gâteau, le titre de ce livre et les différents chapitres de ce roman sont tirés de poèmes. On retrouvera donc ainsi, - parmi d’autres -, des vers du suédois Tomas TRANSTRÖMER (3), de l'américaine Louise GLÜCK (4), ou bien encore de la polonaise Wislawa SZYMBORSKA (5)…

Est-ce que je recommande la lecture de ce livre? Oui. Sans hésiter! C’est un roman, un livre d’une «force» incroyable, un véritable «dialogue» s’installe entre le lecteur et l’auteur, et ensuite la beauté de l’écriture fait le reste!.. Je peux vous garantir que c’est vraiment un livre dont on se souvient longtemps après l'avoir lu!..

(1) : Cf. ici sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Empress_of_Ireland
(2) : Cf. p. ex. sur CL, le même thème chez l'écrivain suédois Lars GUSTAFFSSON (1936 - 2016), dans son roman «La mort d’un apiculteur» (1978), ici : https://critiqueslibres.com/i.php/vcrit/48074
(3) : Tomas TRANSTRÖMER (1931 – 2015), est ici sur CL : https://critiqueslibres.com/i.php/vauteur/8905
(4) : Louise GLÜCK (1943 – 2023) est ici sur CL : https://critiqueslibres.com/i.php/vauteur/45858
(5) : Wislawa SZYMBORSKA (1923 – 2012) est ici sur CL : https://critiqueslibres.com/i.php/vauteur/29715/