Le jardin des délices
de Joseph Annet

critiqué par Saigneur de Guerre, le 10 septembre 2024
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Un Art mortel
Knokke (côte belge).
La famille Babbel est extrêmement réputée parmi les galeristes. Son sérieux, son professionnalisme n’a jamais été pris en défaut ni même mis en doute. Ils sont au sommet de la pyramide de vente d’œuvres d’art en Belgique. Mais tout cela pourrait bien ressembler à l’histoire de la tour de Babel : l’effondrement de la maison Babbel n’aurait-il pas commencé ? L’artiste Geerd Gaste et les galeristes ne seraient-ils plus aptes à se comprendre ?
En cette période de grande affluence à la mer, Béa Babbel organise un vernissage dédié au peintre Gaste qui doit à cette famille son incroyable notoriété. Il prétend avoir découvert un faux en pleine exposition ! Entendez par là une toile qui n’est pas de lui. Excité comme un pou, criant à la trahison, les invités captent les échos de la mésentente. Le lendemain, tous les grands quotidiens flamands font les choux gras de cet événement. Dans ce milieu de l’art, la moindre crise de confiance peut signifier la désertion des clients et des artistes et provoquer la ruine du galeriste.
A qui profite le crime ? Qui est le coupable ? Voilà ce que Max Kevlar, détective amateur d’art va devoir tenter de découvrir à la demande de son amie Isabelle Derocourt, journaliste dont le blog est en perte de vitesse et qui compte sur Max pour la nourrir en informations propres à le booster. C’était Isabelle qui l’avait entraîné dans ce vernissage vu les liens qui la lient à Béa Babbel. Max n’a aucune envie de se lancer dans cette histoire, mais il ne peut décevoir Isabelle…

Critique :

La collection de romans policiers « Noir Corbeau » des éditions Weyrich s’enrichit d’un nouvel auteur, Joseph Annet. Ce n’est pas la première aventure de Max Kevlar, son détective privé. Il y a déjà eu « Le dossier Nuts » et « Que tombent les masques » aux éditions Memory.
Alors ? Que penser de ce nouveau-venu dans « Noir Corbeau » ?

Ce roman est un vrai voyage dans l’art contemporain. L’auteur semble s’y connaître en matière de galeries d’art. Pour ce que je peux en juger, tout ce qu’il raconte sur Bruxelles est parfaitement exact. En cela, il me rappelle la façon de travailler d’un Francis Groff qui veille à la plus grande véracité des faits qu’il rapporte et à l’authenticité des lieux où circule son personnage.
Joseph Annet évoque à un moment donné la petite ville chinoise de Dafen (près de Shenzhen), connue dans le monde entier pour l’habileté de ses peintres formés à copier des toiles de grands maîtres de la Renaissance à nos jours. Faites un petit tour sur Wikipédia et YouTube, cela en vaut largement la peine. D’ailleurs, il en va de même pour les artistes cités par Joseph Annet. Une belle occasion de découvrir les œuvres d’art et les peintres qui font parler d’eux aujourd’hui. Ce n’est absolument pas indispensable pour suivre l’enquête de Max Kevlar, mais c’est bigrement intéressant. Ceux qui ont encore en tête les romans de gare à cinq sous repasseront ! C’est de l’excellente littérature, comme pour la plupart des polars de cette collection Noir Corbeau que j’affectionne particulièrement et que j’adore offrir à mes proches. Annet dispose d’une très très solide documentation pour rendre crédible son enquête qui se déroule dans les milieux huppés de l’art. Petite précision, le peintre au cœur de cette enquête, Geerd Gaste, vous ne le trouverez pas sur Internet. Il est le fruit de l’imagination de Joseph Annet.
L’autre surprise que nous réserve l’auteur, c’est l’enquête en parallèle que mène Kevlar sur le trafic d’êtres humains. Il tente de protéger une jeune migrante, Issa, venue clandestinement du Soudan, prostituée de force par de dangereux maquereaux qui n’hésitent devant aucune vilenie.
Verdict : un polar comme je les aime qui non seulement crée une intrigue qui égare plus d’une fois le lecteur pour finalement retomber sur ses pattes et fournir une explication réaliste, tout en l’incitant à parfaire sa culture générale. Mon seul bémol : un expert en peinture qui à la fin de l’histoire analyse à une vitesse incroyable des œuvres se trouvant en des endroits différents.