Au cœur de l'hiver
de Jean-Marc Rochette

critiqué par Jfp, le 7 septembre 2024
(La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans)


La note:  étoiles
le grand blanc
Fuyant le confinement du printemps 2020, l’auteur et sa compagne Christine décident de s’installer dans sa maison du hameau des Étages, dans la vallée du Vénéon en plein cœur du massif des Écrins. Un lieu isolé et totalement coupé du reste du monde pendant le long hiver montagnard. Une bonne occasion de fuir l’angoisse de la pandémie, frappant les personnes les plus âgées puis, à l’occasion des mutations successives du virus, toutes les classes d’âge sans discrimination. Une bonne occasion aussi de revoir ses chères montagnes, lui qui les avait tant choyées dans son enfance et sa jeunesse puis dédaignées pour une carrière artistique parisiano-centrée, à la suite d'un très grave accident. Un retour bienvenu vers les enchantements de ces paysages immenses où l’horizon est dicté par la nature et non les hommes. Christine, de vingt ans plus jeune, va rapidement s’accommoder de cette vie spartiate qu’elle n’a pourtant jamais connue. Lui va retrouver les gestes ancestraux et la connaissance des contraintes d’un milieu hostile, car il va falloir affronter le terrible hiver qui s’approche : faire des provisions, oublier réseaux mobiles et internet, se retrouver à deux, loin de famille et amis, et surtout être attentif à tout ce qui peut signaler un danger. Et cet hiver 2020-2021 va être terrible, les avalanches se succédant, favorisées par le réchauffement du climat, n’épargnant pas les sommets alpins. L’isolement va être aussi l’occasion de s’occuper autrement, écrire, pour notre auteur qui ne se croyait pas capable de faire autre chose que dessiner, et cultiver son jardin car les provisions ne suffiront pas. Pour Christine, ce sera aussi l’occasion de trouver le moyen de se rendre autonome sur le plan professionnel. Et pour tous les deux ce sera l’occasion de s’émerveiller devant la nature, une nature sauvage et rude, mais tellement belle lorsqu’elle brille de tous ses feux. Le récit est sobre, sans fioritures, nous mettant d’emblée en empathie avec ces deux personnages dont l’amour de la vie fait plaisir à voir. Le livre est vite, trop vite lu, on s’en souviendra pourtant longtemps tant il fait chaud au cœur, même sous moins vingt-cinq degrés Celsius.