L'année du singe
de Patti Smith

critiqué par Pucksimberg, le 30 août 2024
(Toulon - 45 ans)


La note:  étoiles
L'année de ses 70 ans entre réalisme et onirisme
L’année du singe, celle de ses 70 ans, est une année charnière pour l’artiste aux multiples talents, tant dans les événements personnels qui vont lui faire perdre des êtres chers que dans le domaine politique avec l’élection de Donald Trump pour lequel elle n’a aucune sympathie. Le roman se compose de plusieurs chapitres et il ne tombe jamais dans le pathos alors qu’elle perd des êtres aimés. Le lecteur suit Patti Smith dans ses voyages vers divers horizons toujours accompagnée de ses livres et de ses souvenirs littéraires qui confèrent une épaisseur à son existence. Sam Shepard, Bolano, Pessoa, Ginsberg font partie des auteurs qui enrichissent sa vie et qui donnent envie au lecteur de connaître davantage leurs textes. Le roman n’est pas totalement ancré dans le réalisme. Il est vrai qu’elle évoque les vêtements achetés dans les friperies, les multiples cafés qu’elle ingurgite, les endroits dans lesquels elle se rend, mais il y a aussi un caractère onirique. Elle nous conte certains de ses rêves et elle se trouvera un interlocuteur des plus surprenants, destinataire matériel, non-humain, régulièrement sollicité dans l’ouvrage.

Je suis toujours sous le charme de l’écriture de Patti Smith. Même quand elle raconte des banalités, elle m’est passionnante. J’aime ses envolées oniriques, sa façon de capter le réel et de décrire ses habitudes, j’aime sa passion pour la littérature et la place qu’elle occupe dans son quotidien. Elle aime se rendre sur les lieux en lien avec les auteurs qu’elle admire et donne aussi une valeur affective à certains objets qui deviennent des amulettes ou des talismans. Sa vie a un côté bohème et sans doute se retrouve-t-elle dans Rimbaud qu’elle vénère. Ce texte rappelle aussi certains romans de la beat generation avec ces personnages qui se déplacent sans cesse et expérimentent plein de choses. On ressent certaines influences, mais elle a son style propre et cette capacité à nous intéresser quoi qu’elle fasse.

Comme dans ses précédents ouvrages, ses photographies accompagnent le texte faisant communiquer les mots avec les images, le réel avec le rêve avec sensibilité, tendresse et un goût prononcé pour la littérature.