Histoires vraies
de Blaise Cendrars

critiqué par Bookivore, le 22 août 2024
(MENUCOURT - 42 ans)


La note:  étoiles
Aaah, Cendrars...
J'ai découvert Blaise Cendrars avec "L'Or" il y a presque 10 ans, un petit livre que j'ai dévoré en presque deux heures lors d'un voyage en train. Je suis à peu près sûr d'avoir lu "Petits Contes nègres pour enfants des blancs" quand j'étais gamin (genre moins de 10 ans, en primaire), mais je n'en ai gardé aucun souvenir précis, donc je préfère dire que ma découverte de l'oeuvre cendrarsienne date de 2016 et de ma première lecture de "L'Or".

En 2021, je poursuis ma découverte, après plusieurs années où j'ai lu et découvert ou redécouvert d'autres choses, avec le cycle autobiographique (quatre romans autobiographiques mémorables) : "L"Homme foudroyé", "La Main coupée", "Bourlinguer", "Le Lotissement du Ciel". D'autres livres ont suivi, "Moravagine", "Rhum", "Dan Yack", "Le Brésil", et jusqu'à ces "Histoires Vraies" déclinées en trois volets, et "Histoires Vraies", publié initialement en 1938, est le premier opus.

Ce n'est pas un roman, mais un recueil de nouvelles, sept nouvelles précisément, dont une signée Al Jennings, auteur américain et avocat, ancien hors-la-loi, que Cendrars a traduit et qui aurait très bien pu avoir été écrite par ses soins tant elle transpire Cendrars par toutes ses lettres (l'action se passe au Far West). Ces nouvelles, essentiellement avec Cendrars comme protagoniste principal, seraient des histoires vraies, donc. Vraies ou pas (le préfacier tente d'expliquer un peu la chose, leur genèse, ce qui est vrai, ce qui est faux), elles sont excellentes, comme celle qui ouvre le bal, "TPMTR", dans laquelle Cendrars brille par son absence, et qui raconte l'existence d'une association de marins désireux d'avoir droit à un vrai enterrement une fois revenus sur la terre ferme, plutôt qu'une immersion en pleine mer, au cas où il leur arriverait malheur à bord. Le titre signifie "Tu pars mais tu reviens".

Le style de Cendrars... Longues, très longues phrases pleines de virgules, de points-virgules, de digressions, d'accumulations (le style télégraphique, sec, de "L'Or" m'avait faussement fait croire que Cendrars avait une écriture brute et directe ; tout le contraire est son style, en fait !), des phrases aussi longues, voire plus, que celle-là, des phrases-fleuves, mais que l'on ne parvient pas à lâcher et qui restent parfaitement fluides, compréhensibles. Ce style est bien présent ici. Sans aller jusqu'à dire qu'il s'agisse d'un de ses meilleurs livres (mais en a-t-il fait de mauvais ?), "Histoires Vraies" est un petit régal de lecture.

Les deux autres volets, "La Vie Dangereuse" (actuellement édité chez Grasset alors que les deux autres sont chez Gallimard/Folio, c'est con qu'il ne soit pas publié chez le même éditeur que les deux autres, ça aurait été plus joli quand on place les trois livres côté à côte, mais bon), et "D'Oultremer à Indigo", construits sur le même principe de nouvelles autobiographico-romancées, sont (presque) aussi bons. Avis aux amateurs.