Les Jours de l'aventure: Reportages 1930-1936
de Joseph Kessel

critiqué par Bookivore, le 22 août 2024
(MENUCOURT - 41 ans)


La note:  étoiles
Les heures sombres approchent
Dans ce deuxième tome des recueils de reportages écrits pour la presse par Joseph Kessel, on se consacre à la première moitié des années 30, de 1930 à 1936 précisément.
"Le Temps de l'espérance", le premier tome, abordait les années 20 : la guerre est finie,on ose espérer qu'il n'y aura jamais l'occasion de prononcer les mots "seconde guerre mondiale" parce qu'il n'y en aurait jamais une. On parlait de la Palestine, de l'Irlande, de la Syrie, du défilé de la Victoire en 1919...
Dans ce tome 2, "Les Jours de l'aventure", plus épais que le premier, on entre dans le dur. Après une première partie consacrée aux chasseurs d'esclaves en Afrique (hé oui, ça existait encore) et faisant notamment un portrait de l'écrivain/aventurier/contrebandier Henri de Monfreid (ami de Kessel), l'auteur se rend, en 1932, en Allemagne, et nous présente notamment l'Unterwelt (le "sous-monde", autrement dit, la pègre) et, on s'en doute, les nazis, assistant à quelques discours de Hitler, à des manifestations... Hitler n'a pas encore été élu Chancelier. Kessel ose espérer que ça n'arrivera pas. On connaît la suite, hélas...
1933, un long chapitre (comme dans le tome 1, il y en à 7, de taille inégale, découpés en chapitres) nous fait découvrir les USA (New York) alors en pleine crise économique, comme le reste du monde d'ailleurs. La crise, les chômeurs, les chômeurs, la crise. Puis, en 1934, Kessel nous parle des guérilleros d'Espagne, guerre qui n' a pas encore éclaté (1936), mais on la sent venir, patience. Puis un article sur celui qui venait alors d'être roi d'Angleterre, Edouard VIII. Comme une note l'indique en bas de page de cette ultime et très courte (un article seulement) partie, personne ne pouvait, en 1936, année de parution de l'article, se douter qu'Edouard VIII abdiquerait afin de pouvoir se marier avec une divorcée américaine, laissant la place à son frangin George VI. Le cours de l'Histoire en aurait été changé, si Eddie 8 était resté roi, vu ses amitiés gênantes avec les nazis...

Un second tome aussi réussi que le premier, si ce n'est plus. A lire si on aime les documents et témoignages de ce genre. Superbement bien écrit, de plus, ce qui ne gâche rien.