Squats & pirates
de TZ TZ

critiqué par CHALOT, le 6 août 2024
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
Les squats, sociologie populaire
Squats et Pirates
Chroniques d'occupations à Barcelone et ailleurs
de TZ
424 pages
20 juillet 2024
Editions Seitan Con Bravas

Une sociologie populaire

Ce voyage initiatique très agréable et très vivant commence par une longue étape à Barcelone. L'auteur nous emmène visiter le monde du squat, à Lyon , à Dublin en passant par l'Aveyron et dans d'autres lieux, en Europe et bien plus loin encore.
L'auteur parle de son expérience, de ses réflexions et donne la parole à de nombreux acteurs, à des squatteurs aguerris, à d'autres de passage....seuls les huissiers et les policiers officiels et officieux n'ont pas la parole. Ils l'ont tellement dans la presse officielle.
Rien n'est facile et les relations sont parfois difficiles dans un squat ou entre squatteurs mais ces « gens là » qu'ils soient punks ou occupants économiques développent souvent des liens de solidarité dans les quartiers et les villes où ils logent. Ce qui conduit souvent à des expulsions difficiles quand les habitants se mobilisent contre les violences policières.
Ce que font les squatteurs est illégal, soit, mais est-ce moral et naturel que des centaines de milliers de logements soient laissés à l'abandon, rien qu'en France ?
Ce sont des aventures humaines et sociales qui sont contées.
Repérer un lieu, y revenir, ouvrir, c'est une action facile à faire mais il y a le reste, l'essentiel :trouver l'eau, la faire arriver, se préoccuper du branchement électrique.... Les squatteurs ne sont pas nés de la dernière pluie, ils s'appuient sur leurs connaissances techniques, leurs expériences. Ils proposent même leur soutien .
Aujourd'hui comme hier, ceux et celles qui occupent doivent faire face aux interventions intempestives des propriétaires – souvent des promoteurs- qui ne lésinent pas sur les moyens extra légaux comme les coups de mains et les coups de pieds... quant au processus judiciaire il est maîtrisé par les militants qui connaissent leurs droits et qui parfois ne quittent pas les lieux sans s'appuyer sur les lois qui permettent de gagner du temps.
Ah les services sociaux !? Ils ont leurs contradictions comme ceux de Saint Etienne qui ne pouvant mettre à l'abri des personnes et familles qui sont à la rue n'hésitent pas à proposer à ces gens de rejoindre la Bourse du travail occupée.
Côté cour , la Préfecture intervient pour mettre fin à une occupation et côté jardin, elle propose, indirectement,à des personnes dans le besoin de rejoindre un squat !?

Ce livre de sociologie populaire est passionnant et instructif.
L'auteur dénonce à juste titre l'attitude de promoteurs qui négocient clandestinement pour que des logements ou des locaux soient occupés afin qu'ils puissent acheter ces biens à moindre prix....
Ils reçoivent ainsi l'engagement que les lieux soient libérés par leurs occupants illégaux...Le prix à payer aux squatteurs complices et parfois apprentis n'est rien par rapport au bénéfice obtenu par les commanditaires.
Les squatteurs ont leur code de bonne conduite, du moins ceux qui militent pour une cause : il arrive qu'ils virent ceux et celles qui sont violents ou qui ne respectent pas les règles décidées d'un commun accord.
Tout est sérieux et rien n'est oublié dans ce livre bien écrit et agrémenté de nombreuses photos,, même pas cette occupation d'une banque à Liège :
Le drame prévisible s'est transformé en « farce »: une animation dans la salle de coffres vide, une porte blindée qui est fermée malencontreusement et des squatteurs bloqués.... Il a fallu que les pompiers alertés libèrent les occupants à la suite d'une intervention de plusieurs heures.

Pour se procurer ce livre utile et même passionnant, contactez l'auteur en lui adressant un courriel à seitanconbravas@riseup.net

Jean-François Chalot