Le territoire des monstres
de Margaret Millar

critiqué par Bookivore, le 1 août 2024
(MENUCOURT - 42 ans)


La note:  étoiles
Une vérité qui dérange
Margaret Millar, canadienne, née en 1915, morte en 1994, est considérée comme une des plus grandes autrices de romans policiers. Malgré cela, peu de ses romans sont disponibles chez nous et traduits. Celui-ci date de 1970, il sera traduit deux ans plus tard par un des meilleurs auteurs français de romans noirs, Jean-Patrick Manchette. C'est la fameuse maison d'édition spécialisée du Masque qui, par la suite, fera publier le roman en poche.

C'est le seul roman de Millar que je connaisse, il a la réputation de faire partie de ses meilleurs. Le fait est que c'est une authentique réussite, dont l'action se déroule en Californie en 1968 et qui prend l'apparence d'une gigantesque séance de tribunal pour la majeure partie de ses 280 pages (format poche).

Devon Osborne est la jeune épouse de Robert Osborne, jeune propriétaire terrien en Californie, très près de la frontière avec le Mexique (beaucoup de Mexicains sont d'ailleurs employés, et le contremaitre en est un). En 1967, un soir d'octobre, Robert, dont la vie était apparemment sans histoires, disparaît. On ne retrouvera pas son corps, ce qui fait qu'un an plus tard est organisé, à la demande de sa femme qui veut officialiser la situation et passer à autre chose, un procès chargé de rendre Robert officiellement mort (la mère de Robert, elle, ne cesse d'espérer qu'il revienne un jour, forcément). Sans chercher à trouver un coupable, l'enquête n'a rien donné, et le but est vraiment de tirer un trait sur l'histoire. Mais au fil des témoignages, une autre vérité va lentement émerger...

Un excellent roman, au style peut-être un petit peu vieillot, mais qui, malgré cela, est une belle réussite du genre, et une belle description, teintée de critique évidemment, de la vie en Californie, non loin du Mexique, à l'époque. Racisme, préjugés, condescendance, clichés, rien n'échappe à l'auteur. Quant au titre du roman ("Beyond this point are monsters" en VO), il sera expliqué tôt ou tard dans le roman. Et semble on ne peut plus adéquat.