Ni dieu, ni maître, ni réseau social !
de Éric Dejaeger

critiqué par Débézed, le 23 juillet 2024
(Besançon - 77 ans)

La note: étoiles

Opus 25

Voici le vingt-cinquième ouvrage d’Eric Dejaeger que je commente sans compter ceux qu’il a écrit en collaboration avec d’autres ou les participations qu’il a assurées dans des publications collectives. Je commence donc a bien connaître celui que certains dénomme le Poète du Pays noir. Dans le présent recueil, publié par son ami Jean-Philippe Querton, l’éditeur grand spécialiste des formes courtes, il propose un nouvel opus d’aphorismes comme il en produit et publie régulièrement chez Cactus inébranlable éditions, chez Gros textes où chez d’autres éditeurs moins connus. Dans ce présent recueil, il reprend les thèmes qu’il aime traiter, j’ai donc recensé ceux qui m’ont paru les plus importants pour donner un aperçu de cette nouvelle production.

Comme dans de nombreux recueils, Eric propose dans celui-ci de nombreux aphorismes sur le fonctionnement déréglé de notre société. La bêtise humaine l’interpelle, il répond à ses interpellations par des aphorismes comme ceux qu suivent :
« Il faut de tout pour faire un monde mais pas tant que ça pour le défaire ».
« Je hais les armes / Hormis l’humour. / Encore faut-il être lu ».
« Un vide à combler : aucune entreprise ne vend de colle pour cœurs brisés ».

Comme je l’ai souligné précédemment, Eric est un homme d’écriture, il aime en parler, il n’aime pas qu’on la maltraite surtout ses chers aphorismes qu’il cajole sur son écritoire :
« Ecrivains qui aboient ne mordent pas. Qui jappent non plus. Mais ils se vendent ».
« Il y a de plus en plus d’auteurs d’aphorismes. Donc de moins en moins de talent ».
« L’aphorisme à ses limites que certains ne semblent pas connaître ».

L’écriture, les aphorismes, c’est là que se nichent les bons mots et Eric n’en est point avare :
« Les vins de la baie d’Ocoa (République Dominicaine) sont les picrates des caraïbes ».
« Quand le livre est tiré, il ne faut pas nécessairement le boire ».
« Etoile de mer refuse de devenir star de terre ».

Et puis, comment écrire sur une œuvre d’Eric sans évoquer son péché mignon, son petit côté rabelaisien qu’il laisse encore poindre dans ce recueil. Il l’avoue lui-même :
« Le seigneur pédophile tournait sans cesse le page ».
« Dans ce complexe de lupanars, il y a des offres pour toutes les bourses ».
« Non je ne suis pas vulgaire. Grossier, oui. C’est tellement bon de temps en temps ».

Espérons qu’il nous livrera encore de nombreux textes avant qu’il ne lui vienne à l’idée de réaliser un de ses aphorismes lapidaires dont il a le secret : « Mourir une bière à la main , un cigarillo dans l’autre. Sans casser le verre ni foutre le feu ». je vous l’ai dit, Eric il est peut-être grossier mais il ne veut surtout faire de mal à personne ni déranger qui que ce soit, même ceux qui croient avoir du talent mais ne sont que de vulgaires écrivaillons.