Motel Blues
de Bill Bryson

critiqué par Heyrike, le 21 décembre 2004
(Eure - 57 ans)


La note:  étoiles
Entre humour et cynisme
Bill est de retour dans son pays natal après plusieurs années passées en Angleterre. Impatient de (re)découvrir le cher pays de son enfance, il emprunte la voiture de sa maman et part pour une petite balade de 22364 kms. Un périple en partie destiné à se remémorer les voyages épiques organisés par un père complètement exalté à l'idée de rouler durant des centaines de kilomètres, au grand dam de sa famille obligée de s'entasser dans la voiture sans pouvoir bouger sous une chaleur accablante. Chaque année ils revivaient le même supplice infligé par le potentat du voyage familial, incapable de trouver son chemin du premier coup, toujours en quête du motel le moins cher (et bien sur minable), d'un resto économique (aux repas exécrables) et bien sûr d'activités gratuites (et souvent ennuyeuses).

Donc le voila parti à l'assaut des merveilles des Etats Unis. Dès les premiers kilomètres il commence à déchanter en contemplant les paysages monotones qui défilent indéfiniment à travers les vitres de sa voiture. Même les petits bourgs qu'il traverse sont sources de frustrations avec toutes avec leurs boutiques identiques. La nuit il dort dans des motels souvent minables et très chers où l'accueil glacial ne fait que renforcer sa morosité. Petit à petit il se rend compte que son pays est loin de correspondre aux souvenirs lointains qu'il entretient depuis longtemps.

En fait tout lui parait ennuyeux, les paysages rudes et monotones, les villes sans caractères et les rencontres avec les autochtones souvent empreintes d'une appréhension réciproque voire de totale incompréhension. Il dépeint non sans humour les us et coutumes de ses concitoyens, n'hésitant pas à accentuer leurs travers et manies sans complaisance. Si au début j'ai pris un certain plaisir au ton irrévérencieux de l'auteur qui égrène ses réflexions caustiques au gré de ses humeurs, j'avoue avoir ressenti une certaine lassitude à la lecture de ces commentaires répétitifs et toujours négatifs (à quelques exceptions près). Au point d'avoir eu la désagréable impression de partager, bien malgré moi, l'acrimonie récurrente d'un homme visiblement enlisé dans un cynisme de mauvais aloi. Son humour, entaché d'un mépris à peine dissimulé, dessert beaucoup son récit de voyage qui, comme on le constate en l'achevant, ne semble avoir ni motivation ni but bien précis, si ce n'est une intention de faire plaisir à un lectorat complaisant pour tout ce qui a trait à la description caricaturale d'un peuple. J'ai refermé ce livre quelque peu agacé.
Pas le meilleur, mais du bon Bryson tout de même 6 étoiles

Mon avis :

Même s'il reste assez drôle - une des principales caractéristiques des ouvrages de l'auteur - ce livre est fondamentalement triste. Désillusion, déception et amertume sont bien présentes dans ce récit et on sent que Bryson lutte pour rester un tant soit peu fidèle à sa réputation d'amuseur.

Il se serait fait une petite dépression après ce long et glauque voyage "motelesque" que cela ne m'étonnerait pas !

Ne découvrez pas cet auteur en lisant ce livre. Allez faire un tour sur ses autres autres bouquins critiqués sur ce site (ils y sont tous les 4), ils en valent le coup.

Gnome - Paris - 53 ans - 6 décembre 2010


Balade douce-amère avec Bill 6 étoiles

Je viens de terminer ce livre en version originale. Je ne sais donc pas ce que donne la traduction ni si elle a conservé le style assez inimitable de Bill Bryson... Et ce serait dommage qu'elle ne l'ait pas fait car ce que j'aime chez Bill Bryson, c'est surtout son style. Et c'est d'ailleurs lui qui m'a poussée à lire ce livre jusqu'à la dernière page car si ce n'était que pour le contenu... je l'aurais délaissé bien avant!
Les premières pages sont jubilatoires : le regard critique, plein d'ironie, de Bill Bryson vous donne envie de le suivre tout le long de son périple aux Etats-Unis. Mais, au fur et à mesure que le temps passe et que défilent les kilomètres sur ces longues routes américaines si ennuyeuses que l'auteur même avoue qu'il s'ennuie ferme au volant, on reste un peu sur sa faim. Bill s'ennuie et nous aussi. Et tout est laid, les lieux, les gens, les motels... L'auteur est lassé et nous lasse... Et puis, soudain, au détour d'une route, d'un chemin, il tombe sur un paysage merveilleux ou une ville parfaite, et nous fait rêver. On voulait poser le livre, mais soudain Bill, oubliant la route et le propos de son livre, nous raconte une anecdote qui n'a rien à voir mais nous fait mourir de rire. Et on repart avec lui.
Vous n'apprendrez pas grand-chose des Etats-Unis en lisant ce livre, mais une balade avec Bill, c'est tout de même plaisant... quand il oublie le blues des motels.

Evilflower - - 46 ans - 18 novembre 2005