Terrasses: ou Notre long baiser si longtemps retardé
de Laurent Gaudé

critiqué par Beluga, le 3 septembre 2024
(Wezembeek Oppem - 59 ans)


La note:  étoiles
Sobre, émouvant et magnifique hommage aux morts et survivants du 13 novembre
Laurent Gaudé narre l'horreur des attentats du 13 novembre dans un récit romancé et polyphonique où on croise, au fil du drame, les gens ordinaires, les amoureux, les parents, les jeunes, les policiers, les gens du Raid face à l'horreur du Bataclan, les ambulanciers, les pompiers...

L'évocation du hasard revient sans cesse : comment on a dû "trier" au plus vite les victimes du Bataclan pour tenter d'en sauver quelques-unes ? Et pas les autres ? "Regardez le dieu mauvais qui a régné sur nos rues, sur nos vies. Le Hasard au sourire moqueur. Qui mourra, qui pas ? Vous vous souvenez ? Pendant des heures, c'était sa loi implacable, capricieuse. Cela nous a usés de l'avoir croisé. Nous avons ressenti au plus profond de nous la fragilité de toute chose."

En chapitres annoncés comme les chœurs successifs d'un oratorio, avec de courtes phrases sobres, sans pathos, Laurent Gaudé revient sur les mots et les gestes échangés, d'avant, puis dans la stupeur de la sauvagerie. Puis dans la tête des blessés du Bataclan, des otages un temps retenus. Puis avec le courage des premiers policiers entrant dans l'enfer, les médecins et infirmières débordés. Et la foule immense de ceux qui désormais auront peur et "auront le réflexe de regarder où sont les sorties de secours dans une salle de spectacle."

Sobre, émouvant et magnifique hommage rendu à tous les morts et survivants de ce drame! A éviter si on ne veut pas verser une larme!
Quelle claque ! 10 étoiles

Magistral !
Ce récit à la première personne relate les attentats de Paris à travers des personnages qui en ont été victimes ou acteurs (pas bourreaux). Laurent Gaudé écrit des chapitres et des phrases courts, qui claquent, haletants, donnant ainsi un rythme effréné aux événements qui s’enchaînent. Ce livre se lit vite, d’une traite et nous tient en haleine. Le lecteur peut ainsi partager les sentiments des victimes, des secours, des parents, des morts… Un bel hommage à la vie !

Pascale Ew. - - 57 ans - 5 septembre 2024