Curiosity
de Sophie Divry

critiqué par Pucksimberg, le 19 juin 2024
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Le testament de Curiosity. ... oui, oui ... le petit robot envoyé sur Mars ...
« Curiosity » est un court texte de 80 pages dans lequel Sophie Divry donne la parole au petit robot appelé rover, Curiosity, parti en expédition sur Mars. Celui-ci s’exprime à la première personne du singulier, est capable de réfléchir et d’imaginer. Il a été conçu pour avoir des relations sociales … sauf que sur Mars il n’a personne avec qui parler. De temps à autre il communique avec un satellite. Il exprime donc sa solitude, sa détresse parfois quand la nuit tombe. Il évoque Dieu, son créateur qu’il ne connaît pas. Ce texte se veut comme un testament qui sera remis aux prochains covers.

Ce texte est amusant par le fait de donner la parole à Curiosity et certaines de ses réactions font sourire, d’autres sont plus touchantes. Normalement, avec l’emploi du pronom « je » le lecteur peut s’identifier, ici cela semble moins évident … Et pourtant ! Le robot créé par des scientifiques peut rappeler l’homme créé par Dieu. Dans un récit faussement naïf l’on peut se poser des questions, ne serait-ce que sur nos origines, sur l’identité de Dieu pour des croyants et sur la solitude en lien avec le monde moderne. Cela questionne aussi sur la science, sur nos recherches et notre besoin de savoir et sur l’abandon ensuite de ces robots qui ne nous servent plus. Dans un passage précis sont évoqués dans ce texte les autres robots abandonnés sur d’autres planètes. Ce texte est facile à lire, original et contient des pointes d’humour bienvenues, surtout dans la réécriture d’expressions que nous connaissons, détournées ici dans un langage plus robotique.

Dans ce livre, il y a un second texte, une nouvelle dont le titre est « L’Agrandirox ». Dans cette dernière, une vieille femme reçoit la visite d’un représentant qui lui vante les mérites de l’Agrandirox qui permettra à sa maison de s’agrandir, dans une époque où on a eu l’impression d’étouffer puisque cela se déroule dans la période du confinement. Elle se procure le produit et le teste sur sa maison …

Cette nouvelle fantastique fait sourire aussi le lecteur tout en l’inquiétant parfois. Elle est bien construite et le lecteur se laisse porter par la narration de l’autrice. Lire un texte sur le confinement fait du bien même si la fin interpelle. Derrière l’apparente légèreté de ce texte il y a des questions plus sérieuses qui peuvent se poser. Encore une fois, la science occupe une place importante dans cette nouvelle. On a parfois l’impression que parfois les créations échappent à leurs créateurs.

Ces deux textes sont agréables à lire, ils sont courts et peuvent aussi interroger le lecteur.