Les femmes du prophète
de Ḥūriyyaẗ ʿAbd al-Wāḥid

critiqué par Colen8, le 23 avril 2024
( - 83 ans)


La note:  étoiles
Révolte de la Femme
L’orphelin Muhammad recueilli par son oncle est devenu caravanier. Recruté par la riche marchande de La Mecque Khadîja qui en fait son époux il reçoit la Révélation divine de l’ange Gabriel lors d’une retraite mystique dans la grotte de Hira. Considéré dès lors comme prophète à l’instar de Moïse et Jésus, son enseignement repris par ses proches après sa mort jette les bases de l’Islam destiné à s’imposer au reste du monde. Entretemps les persécutions des grandes familles de La Mecque à son endroit l’ont obligé à les combattre depuis Médine où il a dû fuir.
Une recherche approfondie dans les textes sacrés ajoutée à sa réflexion ont conduit l’universitaire et psychanalyste Houria Abelhouahed à interroger l’islam sur le rabaissement toujours actuel des femmes. Ce qu’elle relate de la vie des épouses du prophète, de celle de ses concubines ou esclaves confinées dans le harem, de ses filles offertes en présents à des mariages malheureux lève le voile sur une emprise mentale aussi incohérente qu’injustifiée à leur encontre. Ni l’Arabie païenne, ni les religions du Livre déjà répandues localement ne pratiquaient une discrimination aussi violente avant la Révélation.
Victime bien plus qu’aimée entre toutes est Aïsha la petite rouquine, fille de l’ami et compagnon Abû Bakr appelé à devenir le premier calife. Prise pour épouse à moins de 9 ans par le prophète vieillissant, isolée dans le l’univers glauque du harem où jalousies et harcèlements se déchaînent comment ne pas imaginer ses traumatismes pour comprendre les vengeances violentes à venir qu’on lui impute ? Déjà veuve mais encore presque adolescente, elle est devenue référente pour rapporter de mémoire des milliers de hadîth que les califes ultérieurs choisiront ou non de retenir à leur gré.
L’histoire a fait si peu de cas de ces femmes jeunes et belles s’étant succédé dans le lit du prophète, non plus que de celui de ses propres filles après la mort de Khadîja. Il fallait être capable de lire entre les lignes pour les faire revivre dans leur intimité et leur souffrance. Ecrit en suivant précisément la chronologie le message de la reconstitution produite par Houria Abelhouahed est clair : la révolte serait justifiée. Son style particulier donne puissance et charme à la fois à ce texte qui peut se lire comme un conte oriental ou un long poème en prose ou une mélopée destinée à une lecture orale.