Abysses, l'ultime frontière
de Olivier Lascar

critiqué par Colen8, le 17 avril 2024
( - 83 ans)


La note:  étoiles
Avant d’en arriver au panier de crabes
Le public a le droit de savoir ce qui se trame entre 1000 et 6000m dans les grands fonds des océans. Le dilemme est là. Leurs ressources minérales précieuses pour accompagner la transition énergétique attisent les convoitises tandis que des voix plaident pour la préservation de cet environnement naturel si mal connu. La publication prochaine du code minier de l’AIFM(1) doit compléter le droit de la mer(2) définissant déjà les règles de la navigation de surface dans les eaux internationales.
Si l’engouement pour les nodules polymétalliques, ces gros galets dispersés dans les plaines abyssales en partie oubliés depuis les années 1970’s, est en train de renaître leur rentabilité n’est toujours pas avérée. Les autres catégories d’exploitation minière seraient-elles préférables ? C’est aux chercheurs d’apporter la preuve de l’innocuité d’une exploitation des amas sulfurés agrégés autour des cheminées hydrothermales sur les dorsales médio-océaniques, comme de celle des encroûtements cobaltifères.
Loin d’être isolés du monde terrestre les abysses jouent un rôle puissant de pompe à carbone dans la chaine alimentaire depuis le phytoplancton, le zooplancton, le recyclage des déchets organiques, un autre sur le climat planétaire par la lente circulation millénaire des courants thermohalins. Dans un domaine autrement stratégique il ne faut pas oublier de prendre en compte les enjeux militaires et économiques du câblage sous-marin des réseaux de fibre optique dédiés au numérique.
(1) L’AIFM (Autorité Internationale des Fonds Marins) prépare un code minier des grands fonds hors limites de ZEE (Zone Economique Exclusive) des pays riverains. L’approbation très attendue de ce code dotera l’AIFM du pouvoir exclusif d’accorder les licences d’exploration à la recherche, avant de l’élargir à terme aux permis d’exploitation industrielles - https://un.org/fr/chronicle/…
(2) 1982 : Convention des Nations Unies ayant adopté un régime de droit international de la mer et déclaré « patrimoine commun de l’humanité » les ressources minières des océans avant d’en confier les modalités juridiques d’exploration puis d’exploitation à l’AIFM.