La clef et la croix
de Éric Giacometti, Jacques Ravenne

critiqué par Bookivore, le 1 mai 2024
(MENUCOURT - 42 ans)


La note:  étoiles
Quête personnelle
Le nouveau Giacometti/Ravenne est, comme chaque année (c'est une publication régulière, presque métronomique), un régal. Le duo d'auteurs, l'un franc-maçon (Ravenne), l'autre non (Giacometti), et dont l'action de leurs polars ésotériques est quasi systématiquement centrée autour de la franc-maçonnerie, offre en alternance, depuis quelques années, des romans mettant en scène leur héros initial, le commissaire franc-maçon Antoine Marcas, et des romans mettant en scène un autre Marcas, Tristan, trafiquant d'art et agent secret allié pendant la Seconde Guerre Mondiale (la saga "Soleil Noir"), accessoirement un oncle d'Antoine Marcas, que ce dernier n'a jamais connu et dont il ignorait même l'existence jusqu'à la fin du roman "Marcas" (2021), roman qui marquait le retour d'Antoine Marcas après trois ans de silence, trois ans pendant lesquels notre duo d'auteurs avait lancé leur saga "Soleil Noir" et en avait publié trois ou quatre opus (il y en a six à ce jour).

"La Clé et la Croix", qui vient de paraître, est le 14ème opus de la saga "Antoine Marcas" et leur 20ème roman en tout, depuis 2005. 20 romans (plus une novella, "In Nomine", et un essai, "Le Symbole Retrouvé") en presque autant d'années, chapeau bas. Aussi épais que les deux précédents opus (soit 440 pages en gros), "La Clé et la Croix" est un roman qui démarre peu de temps après les événements du précédent roman de la série, "Le Royaume Perdu", qui se finissait par Antoine commençant à lire le journal intime de son aïeul récemment découvert. On se doutait bien qu'Antoine allait en apprendre plus sur la vie de Tristan.

Dans ce nouvel opus, ça démarre par la mort, dans des circonstances étranges, d'un magnat de la mode italien, Gianfranco Varnese. Alors que ses trois héritiers commencent à se déchirer pour la succession, Marcas, de son côté, est à Nice pour une affaire, faire arrêter le gourou d'une secte new-age utilisant les oripeaux des Templiers. Une fois cette mission accomplie, il décide de poursuivre sa quête personnelle, en savoir plus sur son aïeul Tristan, qui fut un temps propriétaire d'un hôtel à Nice. En farfouillant dans des archives, il découvre que Tristan, ruiné ou presque, finira par vendre son hôtel à un certain Gianfranco Varnese, qu'il connaissait bien. Marcas veut en savoir plus, et va rapidement entrer en contact avec les héritiers Varnese ; et découvrir qu'il se cache apparemment un gros secret familial autour de la fortune de Varnese.

Parallèlement, on suit aussi une action se passant en 1809 entre la France et l'Italie, mettant en scène Napoléon, son épouse Joséphine, et certains de son entourage (Radet, Talleyrand, Fouché...), autour de la traque d'archives secrètes, vaticanales, sur le procès des Templiers, et d'un sournois complot visant à faire chuter l'Empereur en s'attaquant à l'Impératrice, laquelle est d'ailleurs à deux doigts d'être répudiée pour infertilité...

Un roman qui, donc, entremêle passé et présent (les deux segments, en alternance, sont identiquement passionnants à lire), comme à l'habitude de Giacometti & Ravenne. Se lisant très vite, "La Clé et la Croix" est un cru un peu particulier, comme l'étaient "Lux Tenebrae" ou "L'Empire du Graal", il s'agit plus d'une quête personnelle qu'une intrigue policière proprement dite. On peut parfaitement apprécier et comprendre ce roman sans avoir lu un seul des 6 romans de la saga "Soleil Noir" mettant en scène Tristan Marcas, au passage (mais je ne peux que vous conseiller, ne serait-ce que parce qu'ils sont excellents, de les lire). On notera quelques allusions amusantes, notamment, dans le final, à un fameux duo d'écrivains qui sont tous simplement les auteurs de ces deux sagas, qui se mettent rapidement en scène, sans se nommer, le temps d'une petite scène rigolote.
J'ai vraiment aimé ce nouveau cru, encore plus que les deux précédents. A lire si vous aimez le genre.