Civilisations
de Niall Ferguson

critiqué par Falgo, le 8 avril 2024
(Lentilly - 85 ans)


La note:  étoiles
Un ouvrage majeur
J'ai longtemps réfléchi à la question de la découverte et de la domination du monde par l'Occident, je n'ai trouvé que des réponses partielles. Cet ouvrage d'un historien anglais vient combler pour moi un manque. Il répond largement à mes préoccupations. En moins de 500 pages il dresse un panorama historique complet du déroulement de ces 500 ans de découverte et de domination. Pour lui les faiblesses structurelles ou momentanées des autres Empires expliquent en partie la domination de l'Occident. Mais celle-ci est due à six facteurs précis: 1. L établissement et la persistance d'un système politique et économique de concurrence. 2. Un développement scientifique constant. 3. Une règle de droit protégeant la propriété privée. 4. Une attention constante aux progrès de la médecine. 5. L'établissement d'une société de consommation. 6. L'établissement et le respect d'une éthique du travail qui fournit un ciment aux sociétés crées. Chacun de ces thèmes fait l'objet d'un chapitre établissant les modalités de leur institution en Occident et de leur absence ou moindre développement ailleurs avec un luxe de références historiques et un remarquable esprit de synthèse. Ferguson fait remonter le départ de cette domination à 1411, fin des désastres terribles et propres à l'Europe occidentale. Il passe en revue mondialement parlant les 500 années suivantes avec un remarquable souci du détail et de vérité historique. Je n'ai pas la capacité de juger le travail entrepris, mais sa puissance m'en impose. Il n'évite pas la période actuelle dont il relève les ambigüités: les autres civilisations ont adopté ("téléchargé" écrit-il) la plupart des principes ayant sous-tendu le parcours de l'Occident et tendent à le supplanter dans plusieurs domaines. Mais des traces du parcours de l'Occident restent actives, comme en témoigne la progression du protestantisme en Chine. Au total une somme de réflexions majeure dont il est coupable de se passer.