La mafia et la Maison Blanche
de Jean-François Gayraud

critiqué par Colen8, le 5 avril 2024
( - 83 ans)


La note:  étoiles
Démocratie en trompe-l’œil
La Mafia italo-américaine présente dès le XIXe siècle a pu exploiter à fond la Prohibition de l’entre-deux guerres. Dotée d’une structure de type militaro-féodal, elle était dirigée collectivement par une Commission de 24 Familles dont chacune avait établi son fief dans une grande ville(1). Ses exactions dans le crime organisé ont eu besoin d’un bouclier judiciaire au plus haut niveau, d’où un objectif permanent visant à infiltrer la Présidence et l’Administration des Etats-Unis. Un tel résultat lui aura été facile à atteindre par le financement des campagnes électorales, les fraudes massives sur les votes, le chantage et la corruption.
Le schéma de base a perduré pendant les générations successives des Familles accrochées aux structures présidentielles indépendamment des alternances entre républicains et démocrates. Il passait par l’écrémage d’une partie du cash de la Mafia vers des dirigeants de fonds de pension ouvriers(2) en échange de prêts de complaisance. Le blanchiment de cet argent sale servira à corrompre les politiques, lesquels en contrepartie devront veiller à la pérennité du système, c.à.d. faciliter autant que faire se peut les activités des généreux donateurs de l’ombre et veiller à leur impunité en cas de poursuites.
Le presque tiers du volume consacré aux Kennedy ne lève pas l’incertitude sur l’assassinat de JFK à Dallas le 22 novembre 1963. Tout au plus l’examen des rapports de Commissions adhoc, les investigations de la presse et les témoignages recueillis par la suite montrent-il une convergence plus que probable vers un complot de la Mafia. Les raisons invoquées pour l’avoir occulté pendant si longtemps se trouvent derrière l’obsession anticommuniste du FBI en interne, les complots anticastristes à répétition de la CIA à Cuba, le ressenti d’une menace de 3ème guerre mondiale, nucléaire cette fois-ci à l’extérieur.
Seules les sources jugées crédibles et recoupées(3) ont alimenté ce déroulé des turpitudes accolées à 10 anciens Présidents Etats-Uniens sur les 15 derniers depuis près d’un siècle. Le manque de données pertinentes à propos des 5 autres ne leur vaut pas certificat d’honnêteté pour autant… Perversion, cynisme, cupidité, ambition, trahison, médiocrité, hypocrisie, addictions caractérisent les motivations et les moyens des crapules qui ont su se porter à la plus haute dignité de leur pays non sans sous-estimer la possibilité de partenariats et de pratiques élargies à des équivalents ailleurs dans le monde.
(1) Chicago, New-York, Philadelphie, Los Angeles, Las Vegas, La Nouvelle-Orléans, Kansas City, Tampa … pour les plus imbriquées dans la sphère politique
(2) Principalement les syndicats Teamsters (camionneurs), IFA (dockers), LIUNA (santé, alimentation, construction, déchets)… correspondant à un premier niveau de corruption
(3) Actualités, presse d’investigation, rapports officiels, archives déclassifiées, procédures judiciaires, biographies, mémoires… soit une centaine de pages en références bibliographiques et en notes.