Les couvertures contemporaines/Le principe souterrain
de Joël Bastard

critiqué par JPGP, le 1 avril 2024
( - 77 ans)


La note:  étoiles
La question du livre selon Joël Bastard
La question du livre est centrale pour Bastard. C’est par lui que sa langue joue enfin un rôle non seulement éminent mais « proéminent ». Le livre n’imite pas le texte, il l’affronte afin de lui donner une curiosité nouvelle et un surcroît d’attention . Le texte n’est donc pas aliéné par le livre mais est approfondi par lui. Il joue un rôle essentiel dans le moutonnement secret du texte : une fois rejeté par la presse à imprimer il prend une autre force, une force excentrique et parfois décuplée. Et c’est là son pari en « l’échange » (dit Bastard) qu’il propose.

Certes l’auteur n’est pas le premier à insister sur cette « recherche de devenir » que propose le livre au texte qu’il contient. Bien des auteurs – de Mallarmé à Proust et Bonnefoy – l’ont compris. Mais l’auteur prouve combien à travers lui le, ses textes (comme les secrets qu’ils détiennent) ne sont plus quelque chose de caché ou de défendu : devenant soudain solennel et sacral, ils ne s’appartiennent plus, ild appartiennent au monde. Ils deviennent de vastes odndes où des convictions arrêtées s’éploient. Au seuil de ce « passage à l’act » le texte ne s’accommode plus d’une mise à l’écart :il vit d’une vie qui lui échappe. Il se prête à une nécessaire fugue , avec le risque - bien sûr - de malentendus et du fétichisme (en devenant peu ou prou objet). Mais c’est le prix à payer : la réïfication du texte a travers le livre fait malgré tout le poète triomphant . .

Jean-Paul Gavard-Perret