Une ascension
de Stefan Hertmans

critiqué par Pacmann, le 28 mars 2024
(Tamise - 59 ans)


La note:  étoiles
Une étude du nationalisme flamingant
Biographie romancée d’un collaborateur belge durant la seconde guerre mondiale, cet ouvrage est notamment inspiré d’autres biographies des enfants du personnage principal.

Bien qu’il dénonce clairement l’attitude de Willem Verhulst, personnalité dépeinte comme falote, aigrie, à la morale dépravée et à l’honnêteté limitée, l’auteur tente d’expliquer l’origine de cette vocation flamingante, nationaliste et finalement collaborationniste. On peut donc essayer de comprendre ce qui a conduit un tel personnage à s’enfoncer jusqu’à ne plus pouvoir sortir de telles convictions extrêmes.

Même au-delà de la faillite complète du troisième Reich, son esprit à la fois borné et pourtant teinté de contradictions semblait ne plus pouvoir percevoir ce qui était juste ou pas. Une sorte de revanche sur un passé et une rancune à l’égard de personnes identifiées comme des persécuteurs, le conduit à vivre de manière débridée et peu soucieux de représenter un modèle à suivre.

Condamné à mort après la guerre, il fût libéré quelques années plus tard, non sans renoncer à ses profondes convictions flamingantes et sans percevoir qu’elles sont en lien direct avec les idées d’extrême droite qui visent à exclure plutôt qu’à émanciper un peuple flamand, toujours vu comme opprimé par un appareil politique élitiste.

A sa décharge, mais l’auteur laisse entendre que c’est plus par faiblesse que par compassion, Willem Verhulst n’est pas perçu comme antisémite ; il se compare lui-même à Otto Skorzeny, un nazi célèbre aux circonstances atténuantes et qui a collaboré avec le Mossad après la guerre. Il n’empêche que Willem Verhulst, figure clé de la collaboration flamingante et encore à ce jour perçu comme un exemple dans certains milieux, a été à la base de déportations et d’exactions à l’égard de nombreux innocents.

Le titre semble aussi être ironique en faisant peut-être indirectement référence à «La Chute », film célèbre évoquant la fin du 3ème Reich.
Beaucoup trop long 4 étoiles

Le narrateur a acheté une maison à Gand en 1979 et il relate l’histoire de son dernier propriétaire, Willem Verhulst, collabo et SS notoire. Il tente de comprendre comment ce dernier a pu en arriver là. Sa longue enquête nous ramène à l’enfance de Willem, à moitié aveugle, à ses manques de scrupules et ses trahisons amoureuses. Il nous explique ses visions d’une Flandre indépendante ou dépendante des Pays-Bas ou de l’Allemagne, ses frustrations politiques, ses aveuglements, ses soumissions, ses rages… Il se dessine un personnage peu sympathique ni attrayant, particulièrement égocentrique, plus préoccupé par ses listes de personnes à dénoncer et torturer que par leur sort, plus soucieux de son argent que de ceux qu’il spolie ou vole. Pendant ce temps, sa brave épouse encaisse tout, prie et s’occupe de ses enfants, envers et contre tout. A la fin de la guerre, Willem est jugé et condamné à la réclusion à perpétuité. Il finira par être libéré en 1953, mais n’aura tiré aucune leçon de ses mésaventures. Jusqu’à sa mort, aucun remords ne le traverse ni aucune remise en question.
L’auteur ne nous épargne aucun détail de ce qu’il découvre et cette minutieuse enquête est particulièrement assommante. L’histoire présente beaucoup de longueurs et peu d’intérêt au regard du peu d’actions. J’en retire cependant les racines nazies des partis flamingants actuels, qui font froid dans le dos et que je sous-estimais.

Pascale Ew. - - 57 ans - 6 mai 2024