Le goût de l'homme
de Gérard Macé

critiqué par JPGP, le 23 mars 2024
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Les comnunautés inavouables de Macé
A travers trois expériences "primitives" au berceau de divers peuples - celles de Pierre Clastres, Georges Dumézil et Marcel Griaule - est l'occcasion de remonter à un moi collectif plus ou moins oblitéré par le polissage de l'histoire. Mais Gérard Macé prouve que la littérature est aussi un dialogue, une série d'actes inscrits dans le vécu quotidien des peuples disparus dont les légendes (et les réaliutés) nourrissent nos imaginaires.

L'auteur le rappelle en ressuscitant les cercles de divers temps et lieux d'Afrique dans leur configuration historique et sociale là où, par exemple, certains Indiens mangent leur mort et "connaissent ainsi le goût de l'homme". Toute cette . connaisance Macé ne l'a pas appris d'abord dans les livres mais dans sa famille. Non qu'elle fût anthropophage... Mais à travers l'expérience de son grand père maternel tonnelier et un père "qui n'était pas né de la cuisse de Jupiter mais d'un père inconnu" a donné par cette filation à son fils le droit "au rêve, à l'interprétation et la légende". D'autant qu'un tel fils avide dès l'enfance de mythologie comprend que les "courbes" de sa propre histoire répètent des comédies plus anciennes.

Plutôt que de se contenter de pagnoliser son propre cas, Macé montre dans ses analyses autant des oeuvres que de leur sujet les échos majeurs de voies dont le retour sur le passé permet de trouver un chemin pour ce futur que de plus en plus de penseurs estiment improbables mais sans s'engager le moins du monde pour le faire bouger.

Mais Macé à l'inverse n'est pas de ceux qui dans sa vie comme dans son oeuvre a le temps de subir trop de déceptions significatives. Et plutôt que de blablater sur les champs sémantiques il fait preuve de cla rté et discipline pour donner une expression à son imagination créatrices qui vient au besoin mettre à mal les hantises actuelles des humanoïudes.

Explorant des civilisations ce qui échappent à tant de philosophes, Macé sort des sentiers battus pour nous apprendre qu'il existe des sortes de vérités premières. Elles offrent une stabilité mais pas celle que la rationnalité caresse. A cette aune le Kantisqme est un quant à soi. Et Macé rappelle qu'on a pas seimplement besoin de rationnalité pour réfléchir. Il faut remonter plus haut sous la béance de la raison et pénétrer les trous du logos qui d'après Suétone sont toujours tapissées de la peau prise à une femelle.

Quant à l'auteur son imagination le conduit à polluer l'idée même d'anthrophagie. Ignorant le cabotinage il ne réduit jamais la pensée à la seule logique et se refuse au pessimisme qui est déjà un compromis. Et un tel livre rappele par delà sa richese que si l'on jetait tout le mal aux ordures des civilisations il ne resterait plus grand chose. Ouvrant et fermant le livre de la même façon l'auteur prouve que ne pas suivre son rêve prelier c'est trahir sa destinée. Ce qui le nourrit ensuite n'est là que pour le corroborer.

Jean-Paul Gavard-Perret