Gaston, n° 12 : Le gang des gaffeurs
de André Franquin

critiqué par Vince92, le 29 février 2024
(Zürich - 47 ans)


La note:  étoiles
Sacré Gaston!
Employé loin d'être modèle aux éditions Dupuis, Gaston est le personnage emblématique d'André Franquin et incarne presqu'à lui seul la tradition belge de la bande dessinée à "gros nez".
Cet album de 1974 offre 44 planches humoristiques dans lesquelles le lecteur retrouve plusieurs des personnages principaux de la série, Lagaffe bien sûr mais aussi Prunelle, le chef malheureux de Gaston, Jules-de-chez-Smith-en-Face, la mouette, Bubulle le poisson rouge pour le confort duquel Gaston se met en 4 en lui construisant des conduites traversant tous les bureaux ou en organisant une cascade dans les escaliers de la rédaction.
Si certains des gags ne sont objectivement pas très drôles, la plupart le sont et surtout offrent une sorte de contestation du monde de travail: quarante ans après, bore-out et dépression dans les emplois tertiaires sont monnaie courantes et on peut trouver dans Gaston le gaffeur une personnalisation de cette contestation: au lieu de s'attacher à la tâche de traiter le courrier en souffrance, il cherche par tous les moyens à s'échapper à sa condition d'employé modèle en s'affranchissant des règles édictées par sa hiérarchie (Prunelle) et de citoyen modèle sous la surveillance de la maréchaussée (Longtarin), loin d'être bienveillante.
Lagaffe, anarchiste? Sans doute...! Franquin donne naissance à un personnage emblématique, qui n'a pas pris une ride.
Personnage archétypal mais surtout servi par un dessin génial qui sublime les détails et se caractérise par son dynamisme nécessaire à la réussite des gags. Comme toutes les bds, la lecture des albums de Gaston peut se faire à plusieurs niveaux... en grandissant on comprend que Franquin est avant tout un révolté du monde moderne.