Pour que chantent les montagnes
de Nguyễn Phan Quế Mai

critiqué par TRIEB, le 12 février 2024
(BOULOGNE-BILLANCOURT - 73 ans)


La note:  étoiles
UN CHEMIN DE CROIX VIETNAMIEN
Dans ce récit, l’autrice évoque le sort de la famille Tran, étendu sur plusieurs générations. Dans la première partie, Huong, jeune fille et sa grand-mère Dieu Lan contemplent Hanoi brûler sous le feu des forteresses volantes américaines, les B52. C’est l’illustration de l’entrée de la guerre dans leurs vies.
Tout au long du roman, c’est la capacité de résister du peuple vietnamien qui est illustrée, explicitée. La souffrance et la guerre, l’attente des combattants qui ne donnent pas des nouvelles du front, leur éventuelle disparition au combat, le chagrin de la perte annoncée d’un être cher, d’un oncle ou d’un frère parti vers le sud du pays, sont des éléments permanents de cette saga vietnamienne. Ainsi sont évoquées pêle-mêle la réforme agraire décidée par le Vietminh, aboutissant à des grandes difficultés d’approvisionnement et à un état proche de la famine ; ou encore les circonstances de la traversée du pays, du nord au sud, par l’un des membres de la famille Tran. L’auteure n’oublie pas de mentionner les conséquences du système politique communiste, là où il est majoritaire, sur les comportements des êtres humains, aboutissant à les transformer en délateurs zélés du régime et en indicateurs …Pourtant, la famille Tran rencontre, aussi, des joies : celle du partage d’un repas, celle de la vision d’un paysage des montagnes. La vie retrouve parfois ses droits et ses attraits dans cet enfer entretenu par plusieurs guerres successives, et par le départ de nombreux vietnamiens après la chute du régime du Sud-Vietnam.
On pense, à travers les thématiques abordées, au Chagrin de la guerre, de Bao Ninh, à Terre des oublis, de Duong Thu Huong, aux Carnets retrouvés de Dang Thuy Tram, tous ouvrages ayant traité avec pertinence des conséquences du conflit vietnamien sur la vie des gens, sur le sort de ce pays.
Pour que chantent les montagnes est le roman d’une souffrance d’un peuple infinie et cruelle ; il est aussi celui de l’espoir entrevu en filigrane à travers la lecture de ce beau roman.