Paroles du jour J
de Jean-Pierre Guéno

critiqué par Froidmont, le 19 janvier 2024
(Laon - 33 ans)


La note:  étoiles
De multiples points de vue
Tout est dit dès le titre. Ce livre est un recueil, comme une étrange vitre dont le verre est de feuilles et qui laisserait voir, au-delà de ses blancs par ses zébrures noires, tout le débarquement à une échelle humaine, au plus près de l’Histoire : les passions qui les mènent, les joies, les désespoirs, tout ce que c’était d’être sous le feu et la rage à travers plusieurs lettres et divers témoignages.

Je n’ai jamais été passionné par l’Histoire. On peut me raconter sans forcément voir choir mes deux lourdes paupières de belles anecdotes ou des gestes guerrières, lors mon regard clignote du plus vif intérêt pour ce que ces dernières ont pour mon œil charmé de beau, de littéraire ; qu’on vienne, à l’opposé, jeté sous mes regards le glacial exposé d’un chercheur en Histoire, et je m’ennuie alors n’aimant pas l’historique s’il se pique dès lors de rigueurs scientifiques.

Rien de tel en ces pages, ce sont des documents. Pas de verbeux langage mais juste par moment de menues précisions sur le destin final, sans trop de profusion, juste le minimal (encore se voit-il, parmi ces précisions, quelques unes fragiles, simples répétitions de ce que dans sa lettre l’auteur nous dit d’emblée, mais que l’on tient à mettre en exergue, au sommet) du sort de son auteur.

D’où vient alors l’ennui, cette épaisse fadeur qui me prend quand je lis ce livre pourtant court et qui l’a fait durer sur sept terribles jours avant de l’achever ? Mettez donc en un livre cent début de romans, sitôt fait on les livre bâclés, sans complément. Lisez donc le premier, lisez donc le deuxième, votre esprit est lié à la première crème, se moque du second, soupire après la suite, ce qui rouille les gonds de votre esprit bien vite, et l’on reste fermé à tout nouvel apport qui ne vient compléter un récit déjà mort.

Pourtant, il faut l’admettre, c’est très intéressant. Voir à travers ces lettres des regards différents, des regards de civils, des regards de soldats, la vie au domicile ou la vie qui se bat, tout cela est vraiment, au-delà d’un devoir, un principe instruisant pour aborder l’Histoire. Juste un tout petit point que j’irais reprocher : ce qu’il y a de moins et qui vient à manquer, ce sont les points de vue des soldats allemands quand ceux portés aux nues sont parfois redondants. Ce choix des quantités n’est pas très objectif, il ne sert pas les faits mais un autre objectif. Au-delà de l’Histoire, des rigueurs scientifiques, ce recueil laisse voir des enjeux politiques.