La mort du roi Tsongor
de Laurent Gaudé

critiqué par Léonce_laplanche, le 8 décembre 2004
(Périgueux - 88 ans)


La note:  étoiles
Papier mâché !
L'auteur est dramaturge et romancier, récemment couronné…. patati et patata…
Ce roman a l'odeur du théâtre, on dirait un drame antique se déroulant au cœur d'une Afrique ancestrale et non localisée.
Au soir d'une rude vie de conquérant, le roi Tsongor va marier sa fille Samilia à Kouame roi des terres du sel. Massaba, la capitale de son empire, bâtie sur les carnages et le sang se prépare à la fête. Mais survient également Sango Kerim, premier fiancé oublié de Samilia, il réapparaît.
La guerre est inévitable entre les fidèles des deux prétendants. Il est alors temps pour Tsongor de quitter cette vie ; Katalonga, ancien ennemi vaincu, devenu fidèle serviteur, tiendra la promesse faite à Tsongor de lui ôter la vie, moment venu.
A Souba, le plus jeune fils du roi échoit la mission de parcourir le continent pour y construire sept tombeaux, à l'image de ce que fut le vénéré et haïssable roi défunt......
Il s'agit d'un assez bon livre, mi-conte mi-drame antique revisité, mais que je n'ai pas vraiment aimé : tout y est trop carré, et trop prévisible !
Peut-être, entre 13 et 20 ans, aurais- je trouvé ce livre magnifique ! Trop tard pour savoir !
Cet ouvrage a reçu le prix Goncourt des lycéens en 2002.
Pour mémoire, les précédents livres couronnés étaient :
Shan Sa : « la joueuse de go »
Ahmadou Kourouma : « Allah n'est pas obligé »
Jean Marie Laclavetine : « Première ligne »
Luc Lang : « Mille six cents ventres »
Nancy Huston : « Instrument des ténèbres ».
Une fresque antique et épique 10 étoiles

Un immense tombeau incroyablement laid a été retrouvé en plein cœur de l’Afrique. Sur ses fresques on voit des scènes de panique, massacres et pillages, prisonniers suppliciés. Les travaux de recherches sur les inscriptions attribueraient ces crimes à un roi Tsongor. Doctorant en Histoire, le professeur Hector s’étonne vivement qu’une telle nation, agrandie, semble-t-il, par nombre de conquêtes n’ait laissé qu’un tombeau pour traverser l’Histoire.
Guide-conférencier du côté de Dakar, le professeur Énée répond à notre enquête : « Un empire bâti sur la rage et le sang est aussi éphémère que le papillon. On craint bien plus le roi que son institution, et le tyran parti, le peuple a prestement repris son existence de tribus nomades. Il faut plus qu’une vie pour bâtir un État ! Imaginons alors qu’il était un bon roi, vénéré des sujets comme des camarades, il aura pu transmettre ce goût du massacre à ses propres enfants qui se seront battus pour partager l’empire selon leurs propres vues, ne laissant que poussière et en bouche un goût âcre. Notre Histoire est remplie de ces forces de cendres, des bastions de papier, empire d’allumettes qu’un petit craquement enflamme par la tête. Songez à Charlemagne, songez à Alexandre. Mais nous en savons peu, trop peu pour affirmer quelle est la vérité autour du roi Tsongor. Que devint son empire une fois le roi mort ? Seul pourrait le conter l’habile romancier. »
Que ces suppositions soient vraies ou alors fausses, une chose est certaine : ce hideux tombeau n’est rien qu’un cénotaphe sans idée du beau. La graine n’a jamais reposé dans la cosse.


C’est un petit roman tout à fait formidable. Son air d’antiquité et de récit épique m’a d’emblée transporté et laissé extatique.
Il a beau être fin, son effet est durable, car il est composé de scènes assez brèves qui démultiplient bien l’action qu’il nous raconte. Elle est dense en effet et porte dans ses fontes tout ce qu’il faut d’élan, tout ce qu’il faut de sève pour qu’on s’aille attacher aux nombreux personnages. Et l’on suit, haletant, leurs combats, leurs blessures, leurs peines, leurs chagrins, leurs vies, leurs aventures. Lors je me suis senti un peu de leur lignage en ce que leurs douleurs me concernaient aussi. Souba, plus qu’aucun autre, m’a touché au cœur, et Samilia itou à ses dernières heures. En somme j’étais pris au piège du récit. Je n’ai pas dévoré, j’ai savoureusement laissé traîner en bouche son arôme unique pour m’emplir le palais de notes nostalgiques par petites gorgées : j’ai lu exquisément.

Froidmont - Laon - 33 ans - 30 octobre 2024


Conte guerrier africain 8 étoiles

La guerre, encore la guerre et toujours la guerre... C'est un concept immuable.
On plonge dans l'histoire d'un roi, le Roi Tsongor, qui pense qu'avec sa mort le combat entre les deux soupirants de sa fille n'aura pas lieu. Énorme erreur et il l'a toujours su puisque lui-même est un ancien combattant assoiffé de sang et de pouvoir.
Belle morale qui ressort de ce conte : Il n'y a aucun vainqueur dans une guerre mais l'on n'y trouve que des pertes humaines.

Jordanévie - - 49 ans - 1 avril 2024


Des cendres en héritage 8 étoiles

La cité de Massaba est en pleine effervescence. Le roi Tsongor va marier Samilia, sa fille unique au prince des terres du sel Kouame.
Mais quelques heures avant le début des festivités, arrive Sango Kerim, un enfant que Tsongor considérait comme son cinquième fils, qui revient des années après son départ demander la main de Samilia, muni d’une promesse écrite qu’elle lui avait faite enfant.

Aucune issue possible, seule sa propre mort pourrait éviter la guerre.
Aidé de son fidèle ami, et ancien ennemi Katabolonga, Tsongor va mourir sans rejoindre la terre des morts, assistant avec effroi à la destruction de tout ce qu’il avait bâti, la mort de ses enfants, et le sacrifice de Samilia, sa fille chérie.

Un roman toujours aussi dense, aussi passionnant que Le soleil des Scorta que j’ai lu quelques semaines auparavant.
J’ai retrouvé le thème de la transmission, de l’héritage. Le roi Tsongor, comme Luciano Mascalzone, le premier des Scorta, ont acquis leurs fortunes par les vols, les violences. Alors que le second décide de déshériter totalement ses enfants, pour leur donner la force, le courage d’avancer dans une vie qu’ils bâtiront, le roi pensait léguer une cité prospère, une renommée indestructible, lui que le père avait déshérité et qui avait quitté le pays avec pour toute richesse une vieille pièce d’argent rouillée.
"J’ai bâti cette cité... Elle était faite pour durer. qu’en reste-t-il maintenant ? De père en fils, rien que de la poussière et du mépris. J’ai échoué... J’ai été présomptueux… j’aurais dû ...les convoquer tous, à la veille de ma mort, et ordonner que l’on brûle Massaba sous leurs yeux. Qu’il ne reste plus rien… à ma mort, ils n’auraient eu qu’un petit tas de cendres en héritage. Et un appétit féroce."

Marvic - Normandie - 66 ans - 25 août 2020


Sans aucun intérêt 2 étoiles

Raté... je suis fier d’être arrivé au bout de ce bouquin sans aucun intérêt ; le style est ennuyeux, fait de phrases courtes, répétées, qui cherchent à donner un ton solennel à une histoire invraisemblable. Non, ce n’est pas un conte, je n’ai rien appris, et je n’ai pas aimé. Autant j’ai dévoré Le soleil des Scorta et Ecoutez nos défaites, autant celui-ci m’a profondément déçu.

Capucin - Namur - 55 ans - 9 janvier 2018


L'oeil était dans la tombe et veillait sur Tsongor ... 6 étoiles

Tsongor est fils de roi. Mais son père mourant ne lui lègue aucune royaume, aucune couronne, juste un rire méprisant. Tsongor s'en va, loin, les mains vides. Il constitue son armée, conquiert son propre royaume, bâtit ses villes, et construit sa vie. Au crépuscule de sa vie, le jour des fiançailles de sa fille, deux prétendants se présentent et se dressent l'un contre l'autre. Ce même jour pour respecter sa parole, le roi remet sa vie entre les mains de Katabolonga, sa conscience. Le roi s'éteint, la guerre éclate, la ville est assiégée. Les frères se battent contre les frères. Le roi Tsongor ne peut reposer en paix. Dans l'antichambre de la mort, attendant de traverser le fleuve, ils voient défiler ses sujets, ses amis, ses enfants. A son plus jeune fils, Souba, Tsongor a confié la charge de bâtir 7 tombeaux et de l'ensevelir secrètement dans le plus approprié des sept ; alors il pourra traverser et reposer à jamais.

A la limite de la mythologie et de l'épique, Gaudé construit une légende comme le faisaient autrefois les conteurs. La mort du roi Tsongo est un roman initiatique et un conte philosophique où l'on sent la plume habile du tragédien. Le ton du roman semble souvent proche du théâtre et pourtant la forme épouse parfaitement le conte des veillées d'autrefois. Une histoire solide servie par un style littéraire agréable et un vocabulaire riche et imagé. C'est plaisant de lire un Français aussi beau !
Bravo aussi aux Editions Actes Sud pour la qualité de la réalisation. Il est rassurant de voir que certains éditeurs prennent encore leur métier au sérieux !

Homo.Libris - Paris - 58 ans - 27 février 2014


excellent roman 10 étoiles

Une oeuvre littéraire qui est sans doute, pour moi la meilleure de Gaudé.

La plume de l'auteur nous transporte ailleurs, à une autre époque, dans une autre vie..

Jaimeoupas - Saint gratien - 52 ans - 26 février 2013


Drame antico-africain 8 étoiles

J'ai lu ce roman il y a quelques années et je m'en souviens encore très bien.

Pour reprendre certaines critiques, je dirai d'emblée qu'on ne dirait pas un drame antique, mais que c'est véritablement un drame antique avec en plus un message tout à fait contemporain.

Ce roman peut en effet apparaître un peu scolaire ou histoire pour grands enfants, mais il est difficile de le lâcher une fois qu'on est pris par le récit.

A lire certainement tant pour sa bonne qualité littéraire que pour l'histoire.

Pacmann - Tamise - 59 ans - 2 novembre 2012


Un excellent Gaude 9 étoiles

Peu à peu, mon but est de lire l'ensemble des ouvrages de Gaudé. Et pour l'instant, je dois dire que je n'ai pas été déçu. Et encore moins avec La Mort du Roi Tsongor.

Nous sommes tout de suite accrochés à l'histoire et aux personnages principaux sans pour autant avoir des a priori négatifs sur l'un ou l'autre. Exercice difficile, magistralement réussi par Laurent Gaudé.

La guerre est décrite de façon à ne pas rebuter. On s'accroche aux descriptions et on s'intéresse également aux deux parties, avec leurs éléments particuliers et parfois magiques...

À découvrir sans attendre!

MEloVi - - 40 ans - 5 septembre 2012


Remarquable 8 étoiles

L'une des qualités de Laurent Gaudé est de nous plonger dès les premières pages vers un ailleurs qui ne tardera pas longtemps à nous être inconnu. L'immersion est directe, la description des décors et des personnages se font sans détours : c'est précis, ce qui procure un rythme ne permettant que difficilement de lâcher le livre.
L'impression de rapidité des événements ou encore de l'isolement simpliste des personnages est à relativiser car la narration se veut surtout théâtrale, axant avant tout son intérêt dans l'expression des sentiments des protagonistes qu'à ancrer ceux-ci dans une "réalité" plausible ou historique. En somme, nous sont présentés des êtres humains dans toute leurs complexités, leurs tiraillements, finalement si proches des nôtres.

Ce livre apparaît comme une fable magique, poétique et hypnotisante.

PPG - Strasbourg - 48 ans - 11 novembre 2011


Faire la guerre pour une femme , c'est la façon d'aimer des impuissants ! 9 étoiles

Voilà comment parlait Jean Giraudoux ( " La guerre de Troie n'aura pas lieu " ) .
Comme le font justement remarquer Bolcho , Septularisen et Bmr et Mam ; nous sommes dans la Tragédie grecque .
Hélène , Pâris , Ménélas et Agamemnon retrouvent vie dans les corps de Samilia ,Kouame , Sango Kerim et le Roi Tsongor .
Un roman sur l'absurdité de la guerre , l'impuissance des hommes et leur vanité fatale.
Mais aussi , sur la Vie , la conquête et le désir ( d'une femme , d'un pays , de laisser une trace )
Le tout magnifiquement écrit ( comme d'habitude avec Laurent Gaudé )

Un excellent roman qu'il convient d'avoir lu .

Frunny - PARIS - 59 ans - 6 décembre 2010


un bon GAUDE 7 étoiles

Très beau récit sur l'Homme ou comment détruire ce que l'on a construit?
Quelque part en Afrique, un héritage (gagné par des combats sanguinaires) laissé par un père à ses enfants part en fumée par péché d'orgueil.

A lire et à méditer car les vérités d' hier sont aussi celles d'aujourd'hui.

Thierry13 - - 53 ans - 23 octobre 2010


Mais qu’est ce donc que l’humanité ? 9 étoiles

Cette histoire se passe dans une Afrique imaginaire hors du temps : elle pourrait se passer partout, à n’importe quelle époque. Certes on pense à Troie pour la promesse de mariage de Samilia et celle d’Hélène, le siège de la ville ou encore la faiblesse du talon de Danga, mais toutes les guerres sont issues de la nature même de l’homme. Il est ainsi fait, il a toujours une bonne raison d’avoir recours à la violence : l’honneur, l’amour, la haine, la jalousie, la fidélité, la soif de pouvoir, la honte, et en fin de compte n’est-ce pas simplement la peur et le manque de courage d’ouvrir son coeur…. On ne peut s’empêcher de penser : où est le dialogue ? la discussion ? Elles pourraient éviter bien des violences mais arrivent trop tard : La dernière raison est là, la plus terrible et la plus dévastatrice : la vengeance.
Pour ma part, j’ai trouvé le style de Laurent Gaudé magnifique. Les phrases sont courtes et donnent un ton résigné. Les points rapprochés viennent comme un tambour sombre et lourd égrainer les dernières secondes des condamnés. Un roman court mais chargé de réflexion, rassurez-vous, lisez jusqu’à la fin, la nature humaine a aussi du bon….

MEISATSUKI - - 48 ans - 6 mai 2010


La guerre de Troie a bien eu lieu. Deux fois. 5 étoiles

Il était une fois.
Dans une Afrique imaginaire, à une époque imaginaire, Laurent Gaudé nous conte La mort du roi Tsongor, à la veille des épousailles de sa fille unique et préférée.
Car rien ne va plus au royaume de Massaba.
Un deuxième prétendant s'invite au mariage de la fille. Le roi meurt. Les deux prétendants vont s'entre-déchirer et livrer bataille au pied des murailles de la ville assiègée.
Bref, tout fout le camp et il y a quelque chose de pourri au royaume de Tsongor, un royaume bâti à force de conquêtes, d'ambitions, de batailles et donc de morts.
Trop de morts, qui pèsent maintenant lourdement sur le destin de chacun : aucun n'en sortira indemne.
Dans un style très théâtral, Laurent Gaudé fait preuve d'un étonnant syncrétisme mythologique rassemblant des bribes de tragédie grecque, de guerre de Troie, d'amazones, de jardins babyloniens et même d'une armée de soldats d'argile.
On retrouve dans cette épopée homérique la poussière des combats déjà soulevée dans les romans d'Ismail Kadaré.
On aurait aimé y retrouver le souffle qui animait l'abanais nationaliste.
On aurait aimé y retrouver un peu d'exotisme puisqu'on n'est finalement guère curieux de retrouver ici une autre Hélène ou d'autres Hector ou Achille sous les remparts de la ville : un air de déjà vu.
Tout cela est fort bien écrit mais on aurait aimé y trouver un supplément d'âme plus intime comme si Laurent Gaudé s'était livré à un exercice trop académique : rassemblez vos souvenirs de la classe de mythologie classique et racontez une belle histoire.
On aurait aimé que l'Afrique soit plus présente ou que l'humain et le fantastique s'invitent plus souvent comme dans ces troublants passages où l'âme en peine du Roi Tsongor qui attend son heure sur les berges du fleuve des morts, voit peu à peu "arriver" les combattants trucidés, puis ses sujets, et enfin ses fils eux-mêmes, ...

[...] - J'ai vu aujourd'hui une foule immense apparaître à mes yeux, reprit le mort. Ils sortaient de l'ombre et se sont dirigés, lentement, vers la barque du fleuve. C'étaient des guerriers hagards. J'ai observé leurs insignes ou ce qu'il en restait. J'ai regardé leurs visages. Mais je n'ai reconnu personne. Dis-moi, Katabolonga, qu'il s'agit d'une armée de pilleurs que les troupes de Massaba ont interceptés quelque part dans le royaume. Ou de guerriers inconnus qui sont venus mourir sous nos murailles sans que personne ne sache pourquoi. Dis-moi, Katabolonga, que cela n'est pas.
- Non, Tsongor, répondit Katabolonga. Ce n'est ni une horde de pilleurs ni une armée de mourants venus séchouer sur nos terres. Ce sont les morts de la prmeière bataille de Massaba. Tu as vu passer sous tes yeux les premiers écrochés de Souame et de Sango Kerim, mêlés les uns aux autres dans une pauvre colonne de révulsés.
- Alors la guerre est là et je n'ai rien empêché, dit Tsongor. Ma mort n'a servi à rien.

BMR & MAM - Paris - 64 ans - 28 février 2010


Du néant retourner au néant. 8 étoiles

Dans une Afrique mythique et imaginaire, à force de guerres, de pillages et de conquêtes, le roi Tsongor a réuni puis construit un immense royaume. Et comme un achèvement de cette œuvre, il s’apprête à marier sa fille au roi d’un royaume voisin. Quand, le jour des noces, surgit un deuxième prétendant. Tsongor entrevoit alors un triste destin, cette rivalité va amener la guerre qu’il a tant pratiquée mais qu’il ne veut plus voir. Pour y échapper, il demandera la mort des mains de son plus fidèle serviteur. Dans une dernière volonté, il chargera Souba, son plus jeune fils de partir bâtir sept tombeaux à sa mémoire dans les différentes contrées du royaume.
Et la destinée aura bien lieu, le clan Tsongor se déchirera, sa capitale livrée à une guerre sans fin, son royaume réduit à néant. De tous il ne restera plus que Souba…
Laurent recrée en Afrique un drame antique, où les personnages ne sont plus que des pantins gouvernés par leur destiné. Le drame implacable qui se noue, dans un récit d’une grande limpidité, vous tient d’un bout à l’autre du livre.

Grégoire M - Grenoble - 49 ans - 11 février 2010


Tragédie en Afrique 9 étoiles

Un roi, avant sa mort, veut marier sa fille. Le jour du mariage, un prétendant inattendu se présente La guerre est déclarée, aux portes de la ville, alors que le roi meurt. A côté de cela, le plus jeune fils du roi est chargé de parcourir le royaume pour y construire 7 tombeaux à l'image de Tsongor. Il part à la (re)découverte de son père, un roi non seulement père, mais aussi guerrier, bâtisseur, glorieux, explorateur et... tueur. Une histoire aux airs de légende où dominent les thèmes de la guerre, de l'honneur, etc, mais qui nous montre au final la honte de ces choses, le remord d'une vie de tueries, la culpabilité que l'on peut éprouver, et qui empêche de mourir en paix. C'est là tout le sens humain du roman.

Mais la beauté du texte éclate tout d'abord de par le style incroyable, rythmé, dans lequel il a été écrit. Laurent Gaudé parvient à l'exploit d'écrire un roman de guerre dans une langue fine et délicate, construite de de très courtes phrases. Cette écriture particulière se reconnaît surtout dans les longues et sublimes tirades, sur un ton sérieux et dramatique, que tiennent à maintes reprises les protagonistes. Dans ces dialogues, on peut clairement reconnaître un dramaturge.

Personnellement, j'apprécie beaucoup l'ambiance tragique qui accompagne dans le roman. J'aime moins la fin, car je m'attendais à quelque chose de plus extraordinaire.

Le pingouin - - 35 ans - 11 juillet 2009


Histoire et raison... 7 étoiles

Je ne sais pas si Laurent Gaudé a vraiment relu son texte, qui est beaucoup trop entrecoupé de points, rendant la lecture assez difficile de son récit. Je suis une inconditionnelle lectrice des ouvrages de référence de Jacqueline de Romilly sur la Grèce Antique, et sans-doute alors suis-je devenue exigeante.
"La Tragédie grecque" de J.de Romilly (ed.1970) retrace en partie la vie de Tsongor.

Je trouve que dans un autre registre "La Porte des Enfers" paru aux Actes-Sud, ce même auteur est plus à l'aise pour parler de l'histoire plus récente des années 1980 quelque part à Naples...

Béa44 - Nantes - 59 ans - 7 décembre 2008


L'ILIADE DU XXIe SIECLE? 8 étoiles

Je n’ai pas grand-chose à ajouter aux autres excellentes critiques déjà présentes… J’ai littéralement été subjugué, ensorcelé, par la très très belle écriture de Laurent GAUDE, et le majestueux ton théâtrale de celle-ci !

L’auteur «pêche» ses thèmes du côté de l’histoire, de la mythologie grecque, des grandes tragédies, et des légendes anciennes. Ainsi la façon qu’a Tsongor de vouloir agrandir le royaume de son père ou d’assimiler les armées vaincues dans la sienne, n’est pas sans rappeler Alexandre le Grand, la ville de Massaba et ses murailles inexpugnables rappelle Troie, la lutte à mort entre deux armées pour une femme, rappelle l’Iliade d’HOMERE. D’autres grands auteurs de l’antiquité comme ESCHYLE, SOPHOCLE, ou encore SUETONE, affleurent dans certains passages (malédictions, vengeance, honneur, intervention des dieux, destin…), pas de doutes à avoir l’auteur connaît les grands classiques!..

Reste à dire un mot des personnages, qui bien que n’étant pas tous très fouillés psychologiquement (à l’exception peut-être de Tsongor, Saamilla et Souba), certains étant d’ailleurs à peine décrits, sont tous très attachants et on s’identifie rapidement à chacun d’eux.

Chaque lecteur peut aussi (re)trouver dans ce livre des réponses à certaines grandes questions philosophiques comme p. ex. : la sagesse, l’inutilité des guerres, la solitude, la vieillesse, le sens de la vie…
L’écriture de Laurent GAUDE d’une beauté, à la fois simple et fluide, mais puissante et suggestive, sans pareil aidant beaucoup à cela… Je tiens enfin à dire que, contrairement à de certaines autres critiques, je n’ai pas du tout situé l’action de ce livre en Afrique, mais plutôt en Grèce ou en Asie Mineure (Turquie, Perse?..) et que je n’ai pas du tout été «gêné» par le longues descriptions de scènes de bataille, qui, je trouve, passent très bien et ont toute leur place dans le déroulement de l’histoire et facilitent la compréhension de celle-ci.

Inutile de dire que j’ai beaucoup aimé ce livre et que j’en recommande la lecture au plus grand nombre!..

Prix Goncourt des Lycéens 2002.

Septularisen - - - ans - 5 décembre 2008


Décalque réussi 9 étoiles

Avec La mort du roi Tsongor, Laurent Gaudé regarde du côté des tragédies grecques, et parvient à créer un univers mythique dense et profondément vivant. Comme dans les tragédies antiques, l'issue est inéluctable.
Et c'est là que pèche le roman-conte moral théâtral de Gaudé, il adoucit sa fin d'une main tendue à la sacrifiée de la guerre, Samilia, affadissant du même coup son discours sur la violence inepte des conflits qu'on poursuit alors que leur cause même s'est dissipée dans l'oubli.
Le décalage entre la plaine de Massaba et les combats qu'elle accueille et le reste de l'empire, paisible, où le jeune Souba erre et construit des tombeaux destinés à rester vide, est particulièrement intéressant.
Le roman accède par moment à la résonance des textes antiques, notamment lors de discours de personnages, et pour cela mérite qu'on s'y penche avec attention.

Un effet de style m'a gênée. Tic d'écriture où abus de la forme elliptique, beaucoup de points ont la valeur d'une virgule, et hachent inutilement un texte que des phrases courtes rendent déjà très rythmé et emphatique.

Vda - - 49 ans - 27 novembre 2008


Roman initiatique? 7 étoiles

C'est un texte assez théâtral, voire même un peu naïf qui peut s'assimiler à un roman initiatique.

C'est une oeuvre originale, que j'ai aimée pour sa qualité d'écriture autant que pour les questions qu'elle soulève.
La fidélité prime-t-elle sur l'épanouissement personnel?
Faut-il s'acharner à tout prix pour faire valoir ses idées?
Faut-il privilégier l'honneur à la vie?
Fuir la guerre peut-il être légitime?

... Et encore beaucoup de questions qui nous effleurent tout au long de cette lecture aisée et agréable...

Paquerette01 - Chambly - 53 ans - 10 octobre 2008


Absurdité de la guerre 8 étoiles

Alors que le roi Tsongor destine sa fille à un prince aisé, un compagnon d'enfance débarque. Un conflit commence.
Non sans un clin d'oeil malicieux à "L'iliade" (ici l'objet du conflit est également une femme), Laurent Gaudé développe le thème de la solitude (qui s'entrevoit par exemple dans le personnage de Tsongor) en évoquant l'oeuvre dramatique de Koltès. Mais, selon moi, la véritable force de ce livre riche en qualités, est de dénoncer l'absurdité de la guerre. Ainsi, vers la fin du récit, alors que Samilia s'est enfuie, voyant que les deux hommes qui la convoitaient abusaient d'elle, et qu'il ne reste de la cité du roi Tsongor plus qu'un amas de ruine, les guerriers restants continuent à se battre, par habitude, pour soulager un besoin quelconque. Gaudé déploie une langue flamboyante et tel Giraudoux il trouve dans des légendes anciennes une source pour expliquer des avatars actuels.

Malgré quelques longueurs, il s'agit d'un excellent roman, qui compile également plusieurs sujets de réflexion.

Matthias1992 - - 32 ans - 27 août 2007


Puisqu'on ne peut l'obtenir, qu'elle meure ! 7 étoiles

Ce devait être un jour de liesse que celui du mariage de la princesse Samilia avec le prince des terres du sel. Or, dès son réveil, Katabolonga, le porteur du tabouret d’or du roi Tsongor, le sait : c’est le jour où il doit tuer le roi. Il le lui annonce, mais Tsongor ne comprend pas sa phrase, dans un premier temps. Puis viendra Sango Kerim, détenteur d’une promesse ancienne : Samilia est à lui. Que faire ? Puisqu’il est écrit qu’il doit mourir, le roi se faufile dans cette solution « de facilité » : mourons, puisque nous ne pouvons trancher.
Mais ça ne changera rien, la guerre va éclater, durer, l’un après l’autre chaque protagoniste va mourir, tous, sauf deux : Samilia, qui de par sa propre indécision semble être la cause du malheur, et Souba, le plus jeune fils, chargé d’ériger sept tombeaux pour la dépouille du roi…

C’est une lecture apaisante, paradoxalement. On y côtoie pourtant de nombreuses scènes d’horreur, l’accomplissement de tragédies, de destins individuels stériles, mais dans une langue si simple et dépouillée qu’on a l’impression d’écouter. On est assis au coin du feu, et le conteur nous achemine doucement et lentement vers la fin de son histoire, moment à partir duquel il nous appartiendra de l’intégrer et d’en extraire le sens.
Pendant ces deux cent pages, on retient son souffle, on ne pense à rien d’autre, et c’est une respiration dont on a bien besoin.

Cuné - - 57 ans - 28 juillet 2007


Troie encore 7 étoiles

Un récit dont on ferait volontiers une tragédie de Racine et qui nous dit que victoires et défaites sont de même essence. C’est aussi – loi du genre – un univers où seuls comptent les puissants, les tyrans. Comme si l’histoire de l’humanité leur devait plus qu’aux efforts des humbles : la ville est assiégée, chaque jour des centaines de guerriers supplémentaires pourrissent « dans le sable chaud de la mort », mais lorsque meurt un des fils royaux, les camps ennemis font une trêve de 10 jours pour honorer sa mémoire.
Cette guerre, au prétexte futile, c’est bien l’image éternelle de la guerre. Gaudé nous rappelle au passage que la femme en est « la part sacrifiée » et qu’il faudrait honorer le souvenir de nos « sœurs errantes ».

Bolcho - Bruxelles - 76 ans - 2 août 2006


J'ai déjà lu ça quelque part 2 étoiles

Je n'ai pas aimé ce livre. Je l'ai trouvé pesant, traînant, épuisant. Et cette sensation de déjà lu, tout au long de la lecture lui a retiré définitivement tout intérêt.

Je ne pouvais m'empêcher de penser à Hélène, Hector, Priam, même si l'histoire est différente ...

J'avais beaucoup aimé "Le soleil des Skorta" et ai été déçue par celui-ci.

Je lui donne donc 1 point pour la couverture qui n'est d'ailleurs pas du fait de l'auteur.

Alandalus - BORDEAUX - 67 ans - 8 juin 2006


La quête de l'être humain 8 étoiles

J'avais entendu parler de Laurent Gaudé depuis un moment et c'est sur les conseils de ma mère que j'ai ouvert ce livre. J'ai tout de suite été happée par cette histoire aux accents légendaires et mythiques. Ce livre semble être écrit pour le cinéma. En très peu de mots, les personnages sont décrits tout comme les ambiances et les paysages.
Il s'agit du récit d'une quête et de la transmission à ses proches. Que laisse-t-on aux siens après notre départ ?
A-t-on vraiment compris le sens de la vie ?
Ce petit bouquin laisse en suspens de nombreuses questions d'ordre philosophique et c'est ça qui en fait la richesse.
J'ai beaucoup aimé ce voyage avec Laurent Gaudé

Mallaig - Montigny les Cormeilles - 48 ans - 10 avril 2006


où est l'intérêt? 1 étoiles

J'ai lu ce livre il y a quelques temps déjà, voila ce qui en est resté: le côté dramatique de l'histoire ne m'a pas échappé, mais le style est pesant.
Les personnages sont stéréotypés à souhait.
L'auteur a sûrement mal digéré sa lecture des tragédies antiques.
bref, arriver à la fin fut une délivrance.

Matru - cagnes sur mer - 50 ans - 27 mars 2006


La déchéance d’un peuple 7 étoiles

Moi aussi, j’ai remarqué l’aspect théâtral dès le début, cette façon de construire l’histoire comme une épopée grecque avec des personnages plus grands que nature. Le grandiose de la mise en scène est frappant mais c’est finalement la relation entre le roi Tsongor et son serviteur Katabolonga qui aurait mérité plus d’espace au lieu de décrire d’innombrables batailles. Un bon roman, condensant en 200 pages une énorme histoire, bien écrit de surcroît.

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 55 ans - 5 mars 2006


La lecture de Patryck Froissart 10 étoiles

La mort du roi Tsongor
Auteur : Laurent Gaudé
Editions Actes Sud, 2002

Vous avez aimé Salambô de Flaubert ? Vous avez été sensible à la poésie qui traverse le Désert de Le Clézio ? Vous vous souvenez du plaisir étrange que vous avez éprouvé en lisant L’exil et le Royaume de Camus, ou L’aleph de Borges ?
Si c’est le cas, lisez vite ce roman.
Vous y retrouverez un peu de tout ce qui précède, sur fond d’une guerre de Troie dont l’Hélène s’appelle Samilia, où Troie devient Massaba, où les armées en présence finissent par ne plus vraiment savoir pour quoi ni pour qui elles se battent, mais le font jusqu’à la mort du dernier combattant, sous les yeux de Samilia, impuissante car ne pouvant choisir, qui a rejoint le camp de Sango Kerim et qui, la nuit, sous sa tente, se donne à Kouame, le chef de l’armée ennemie :
« Je n’ai pas pu choisir, pensa-t-elle. Ou je me suis trompée. J’ai choisi le passé et l’obéissance. J’ai fait taire le désir que j’avais en moi. Et j’ai rejoint Sango Kerim, par fidélité. Mais la vie exigeait Kouame. Non. Ce n’est pas cela. Si j’avais choisi Kouame, le serais en train de pleurer sur Sango Kerim. Ce n’est pas cela. Il n’y a pas de choix possible. J’appartiens à deux hommes. Oui. Je suis aux deux. C’est mon châtiment. Il n’y a pas de bonheur pour moi. Je suis aux deux. Dand la fièvre et le déchirement. C’est cela. Je ne suis rien que cela. Une femme de guerre. Malgré moi. Qui ne fait naître que la haine et le combat. »
Tout commence quand le vieux roi Tsongor, après avoir passé sa vie à se forger un immense empire de bataille en bataille, de siège en siège, de massacre en massacre, enfin retiré, repu de sang et souhaitant finir sa vie paisiblement dans sa capitale, Massaba, accepte de se faire donner la mort par son fidèle compagnon, Katabolonga, à qui, lors d’un des derniers combats de sa longue entreprise de guerrier, il avait donné le droit de lui prendre la vie au moment même où ce dernier le voudrait.
Pourquoi se résigne-t-il à mourir ce jour-là ? Parce qu’il est incapable de choisir entre les deux prétendants à la main de Samilia.
Il meurt donc, sachant que la guerre commencera le lendemain, après avoir demandé à son plus jeune fils, Souba, de parcourir le royaume à la recherche des sept lieux les plus propices à la construction des sept tombeaux dont l’ensemble devra refléter ce que fut le grand roi Tsongor.
Epopée, long poème ésotérique, récit initiatique, tout cela se mêle ici dans une belle langue, traversée de réminiscences des mythes mélangés, à peine travestis, de diverses civilisations et des thèmes éternels de la tragédie.
Quel souffle! Quel grand plaisir esthétique !
Patryck Froissart, le 14 janvier 2006

FROISSART - St Paul - 77 ans - 20 février 2006


L’humanité qui tâtonne 8 étoiles

Convaincue par l’indéniable talent de conteur de Laurent Gaudé, je suis entrée dans cette histoire d’autant plus facilement qu’elle a des accents de légende, de mythe fondateur. Les personnages phares sont décrits avec beaucoup de profondeur, et cela en peu de mots. Trois histoires, en fait, sont abordées : celle de la mort du roi, celle du conflit entre deux clans, et celle du voyage d’un des fils du roi. Chacune développe deux thèmes identiques, mais de manière subtilement différente : l’errance et le parcours initiatique. Le chemin est long qui mène à la sagesse, si tant est qu’il soit possible de l’atteindre un jour…

Saint-Germain-des-Prés - Liernu - 56 ans - 4 novembre 2005


épique 9 étoiles

c'est le mot qui me vient à l'esprit alors que je sors d'une lecture passionnée de ce livre que j'ai dévoré presque d'une traite. Il nous apprend tant sur la folie meurtrière des hommes et leur vanité. Il nous interroge sur le moteur qui a gouverné et gouverne toujours les rapports souvent brutaux entre les hommes. Heureusement l'humilité reste possible, elle qui permet la vie.

Printemps - - 66 ans - 10 août 2005


Un grand roman 9 étoiles

Dans le royaume de Massaba, chacun se prépare à une grande fête. Le vieux roi Tsongor s'apprête à marier sa fille Samilia au riche prince Kouame. Mais à la surprise de tous surgit un autre prétendant, Sango Kerim, à qui la jeune fille avait promis sa main des années auparavant, alors qu'ils n'étaient que des enfants. Les festivités tournent court. La guerre est sur le point d'éclater. Le vieux roi, se sentant incapable de résoudre le dilemme, meurt, fou de tristesse et de douleur, assisté du fidèle Katabolonga. Auparavant, il confie à son plus jeune fils, Souba, la tâche d'aller édifier de par le monde sept tombeaux en son honneur... Samilia devient malgré elle la cause d'une guerre atroce.
A la lecture de ce roman à l'écriture parfaite, on pense aux grandes épopées, aux tragédies de Sophocle, d'Eschyle, à la force des malédictions, aux haines implacables, à l'honneur, à la honte dont on finit par hériter malgré soi...

Joehill - - 46 ans - 22 juin 2005


embarquement immédiat 9 étoiles

Que j'ai aimé La mort du roi Tsongor! Tous les ingrédients sont réunis pour faire de ce roman un petit bijou, auquel peu de lecteurs resteront insensibles. Le cadre est complètement dépaysant (l 'Afrique antique), le drame est puissant et évoque les plus noires tragédies grecques (une princesse est l'enjeu d'une guerre sanglante et sans fin), enfin le récit du parcours initiatique de Souba, mené en parallèle, émeut et fait réfléchir. Tout cela est porté par une écriture magnifique, à la fois flamboyante, imagée et étonnante de simplicité. C'est une fenêtre ouverte sur le rêve, un pur moment d'évasion que nous offre Laurent Gaudé dans ce roman tout simplement magique.

Jemangeleslivres - - 51 ans - 28 mars 2005


Eternelle bêtise humaine 7 étoiles

"Ce roman a l'odeur du théâtre, on dirait un drame antique"
J'avais également repris ces termes pour une critique faite sur un autre site.
Oui, on dirait du théâtre, un grand drame magistral, avec beaucoup d'effets, des personnages qui prennent toute la place, un scénario douloureux, des actes irréversibles. C'est une véritable tragédie, un conte sanglant pour adultes.
Léonce Laplanche dit que c'est trop prévisible pour lui, je comprends, mais cet aspect de l'histoire ne m'a pas dérangée. Une manière pour l'auteur de nous montrer que oui, tout cela est prévisible et donc évitable, or rien à faire, l'homme continue encore et toujours à s'enfoncer dans la guerre. Les conflits actuels et/ou latents en Afrique prouvent, si besoin en était, que ce genre de rivalité ethnique est loin d'avoir disparu. Est-ce que l'homme est incapable de tirer l'enseignement nécessaire de ses ancêtres, de ces histoires qu'on se raconte au coin du feu, de ces luttes qui jalonnent l'histoire et dont on ne retient aucune leçon? Le récit de laurent Gaudé est tellement réaliste qu'on l'identifie rapidement à du réel, ça se passe vraiment comme ça, pense-t-on. Cela peut parfois alourdir le texte, notamment avec les longues descriptions de combat, c'est une épopée, tout y est. En particulier l'amertume, qui nous pousse à nous interroger sur l’absurdité des stratégies de guerre.

Sahkti - Genève - 50 ans - 9 décembre 2004