Mitologies
de Jean-Claude Martin

critiqué par Débézed, le 26 décembre 2023
(Besançon - 76 ans)


La note:  étoiles
Histoires dialoguées
J’ai croisé le chemin littéraire de Jean-Claude il y a déjà plusieurs années dans des ouvrages de poésie mais cette fois, je le retrouve dans un recueil de dialogues de scènes théâtrales, des saynètes, comme il l’écrit lui-même : « 24 histoires dialoguées » dont certaines ont été mises en scène et jouées sur les planches d’un théâtre. Il a puisé dans sa grande culture générale (Mythes, légendes, contes, héros littéraires, personnages historiques ayant dépassé le cap de l’histoire pour entrer eux aussi dans la légende comme Jeanne D’Arc (pas si pucelle que ça !)) pour trouver les héros qu’il souhaitait mettre en scène. Il a, par exemple, sans aucun ordre de préférence, choisi : Le Mythe d’Œdipe – La Boîte de Pandore – L’Odyssée d’Ulysse – Roméo et Juliette – La Chanson de Roland – Orphée et Eurydice – L’Epée de Damoclès – Noé et le déluge – Hercule Poirot – La fin de Dracula – …

Fort de cette riche matière, il a, comme il me l’a glissé dans sa dédicace, opéré des « … sortes de détournements ou de déboulonnages de statues … ». Il a dédramatisé, démystifié, transposé dans le temps, transformé dans la geste ces héros comme l’illustre bien le sous-titre de cet ouvrage : « Il faut imaginer Œdipe heureux ». Comme certains metteurs en scène, il a utilisé ses personnages à contre-emploi pour les rendre plus drôles, plus comiques, parfois même un peu ridicules…

Avec sa grande finesse d’esprit, il détourne ses personnages pour offrir un recueil drôle, humoristique, où même quelques saynètes sont un brin ironiques, un poil insolentes ou carrément narquoises. Jean-Claude manie aussi les mots avec habilité, il sait les faire jouer, pour nous faire rire, je me souviens notamment de celui-ci : « Les pets de Damoclès » qu’il a habilement glissé dans son texte. Il est aussi capable de décocher des flèches finement acérées : la Belle s’adressant au Prince charmant « Parce que charmant, on est loin du conte ».

Si vous lisez ce recueil ne le lâcher surtout pas avant d’avoir lu le dialogue entre Emma Bovary et le Jeune Werther mais ne le mettez dans les mains d’un potache devant passer prochainement le baccalauréat de français. Il risquerait d’y perdre les quelques connaissances littéraires et historiques qu’il a laborieusement acquises.