La guerre de succession de France: Henri IV devait-il être roi ?
de Fadi El Hage

critiqué par Vince92, le 2 décembre 2024
(Zürich - 47 ans)


La note:  étoiles
Transition dynastique
La mort d'Henri III en 1589 sous le poignard de Jacques Clément entérine une situation politique devenue ingérable depuis fort longtemps. Depuis 1562, la France est plongée dans une véritable guerre civile ayant pour point nodal l'émergence de la religion réformée. Divers édits et tentatives de réconciliations voire d'anéantissement de l'ennemi (massacres de la Saint-Barthélemy) n'y on rien fait, le pays est toujours aussi divisé.
Depuis la mort d'Henri II et les successions problématiques de ses fils, la dynastie des Valois ne semble plus à même de pouvoir se perpétuer et ainsi de gouverner le pays. Le prétendant naturel d'Henri III est Henri de Navarre, et c'est d'ailleurs sur lui qu'Henri III porte son choix. Il y a cependant un problème car le Béarnais appartient au parti protestant, c'est même son chef de file. Il est par ailleurs relaps, une tare incontournable. Henri III n'est alors pas maître en son royaume, empêché par la famille de Guise qui est soutenue par de puissants alliés au sein de la Ligue. Henri III réagit et fait assassiner Henri de Guise, "le balafré" à Blois avant de lui même succomber.
Par ailleurs, son accession au trône n'est pas garantie dans la mesure où sa valeur militaire est remise en question par les piètres résultats de sa campagne en Franche-Comté, par ses mœurs dissolues (le "Vert-Galant" étant de notoriété commune porté sur la gaudriole) et la faiblesse de ses soutiens étrangers. C'est paradoxalement le soutien par trop visible de l'Espagne au Duc de Mayenne, le successeur de son frère de Guise à la tête de la Ligue qui fera se rallier un à un les adversaires de Navarre. Henri règnera sous le nom d'Henri IV avant de se faire poignarder par Ravaillac: un événement qui permettra à l'historiographie de magnifier l'accession au règne du premier des Bourbons. Or, son règne n'a pas été positif aux yeux des contemporains et sa légitimité pas acquise d'emblée.
Le livre de Fadi el Hage est intéressant dans la mesure ou il décortique dans la lignée de ceux de Nicolas Le Roux les forces politiques complexes, certes mues en partie par les questions religieuses mais surtout motivées par les intérêts des factions nobiliaires gravitant autour des trois pôles de pouvoir: Navarre, le Roi, la Ligue. Cependant, l'auteur est parfois trop confus pour faire de son livre un ouvrage marquant. Sa thèse est intéressante qui veut que la période 1589-1592, la fameuse Guerre de Succession de France, s'inscrit dans le cycle des révolutions de palais tout au long de l'histoire du pays. L'écriture aurait gagnée en clarté si certains détails avaient été épargnés au lecteur profane pour s'exprimer plus simplement.