Où vont les larmes quand elles sèchent
de Baptiste Beaulieu

critiqué par Pascale Ew., le 23 décembre 2023
( - 57 ans)


La note:  étoiles
Magnifique d'humanité !
Jean, médecin généraliste, raconte son quotidien et ses interrogations. Depuis qu’il a été témoin de la mort d’un enfant suite à une crise d’épilepsie parce que l’ambulancier s’était trompé d’adresse et était arrivé trop tard, il n’arrive pas à digérer cette injustice et n’arrive plus à verser de larmes non plus. Serait-il devenu insensible ? Tout montre le contraire pourtant tant il est sensible face à ses patients, mais c’est plutôt la colère qui a pris le pas. Au travers de mille anecdotes, dans un style oral travaillé, tendre et hilarant à la fois, ce médecin homo au cœur tendre nous partage ses difficultés. Il défend bec et ongles les femmes, surtout les malmenées par la vie et leurs hommes. Et s’il ne vous fait pas pleurer, il m’a en tous cas fait rire comme rarement à la lecture d’un roman.
La toute fin est magnifique et vaut à elle seule un dix, mais le style aussi ! C’est majestueux !!!
Et vous docteur, ça va ? 9 étoiles

Quand j’ai emprunté ce livre après des semaines d’attente, je ne savais plus pourquoi je l’avais réservé. Son titre ? Une bonne critique entendue à la radio ?

Peu convaincue et intéressée par le début du récit, j’ai failli abandonner. Mais les semaines d’attente valaient bien un petit effort. L’humour, ses expériences d’interne aux urgences, très mauvais timing pour moi en cette période.

Après la lecture de la critique sur CL, j’ai repris le livre, et j’ai fini par m’attacher à cet homme, ce médecin qui à travers quelques personnes qu’il a soignées, accompagnées, nous parle d’un domaine souvent occulté, la responsabilité permanente d’un médecin, de sa culpabilité quand il a trop attendu ou hésité, de sa colère contre un système qui l’oblige à des choix inhumains, d’être le témoin voire l’acteur de la maltraitance, contre l’injustice de la vie qui frappe au hasard, qui tue des enfants, et le terrible sentiment d’impuissance d’un médecin, sa solitude, sa fatigue.
"Personne ne nous apprend à gérer les erreurs médicales, ce n’est pas enseigné à la faculté... oui un jour j’arrêterai de me sentir responsable de tout . Un jour j’arrêterai de m’excuser tout le temps."
Et son immense colère contre les hommes, quand il suture régulièrement des femmes battues.

Mais c’est aussi le récit de belles rencontres, avec des personnes seules, courageuses, ou même des enfants.
J’ai aimé le tableau en face de la table d’auscultation, sur laquelle il va finalement finit par s’asseoir lui aussi... Et ausculter son cœur.
Au final, un livre très touchant pour un homme empathique, un médecin formidable, assailli par les doutes parfois. Même si j’ai trouvé certains passages inutiles.
À lire mais pas pendant une période où vous passez beaucoup de temps aux services des urgences débordées (pléonasme).

Marvic - Normandie - 66 ans - 14 novembre 2024