Les singes rouges
de Philippe Annocque

critiqué par Tistou, le 14 décembre 2023
( - 68 ans)


La note:  étoiles
Fausse vraie autobiographie …
Enfin, autobiographie … Pas vraiment, pas en vrai, mais au moins un livre hommage à sa mère, à la petite fille que fut sa mère, d’abord Olga puis devenue Marie-Thérèse, par la grâce (!) d’un passage de la Guyane à la Martinique. Une petite fille café au lait, d’abord trop blanche, puis pas assez blanche, enracinée nulle part, déracinée partout. Mais donc un peu autobiographique tout de même puisqu’Olga n’est autre que la maman de Philippe Annocque.
On met à vrai dire longtemps avant de comprendre de quoi il est question. Philippe Annocque est un habitué de ces romans à la forme plutôt déstructurée, exigeant du lecteur une grande implication pour ravauder les trous béants laissés dans le récit.
Ici la forme est celle de très courts chapitres – j’hésite à employer le mot – d’une page, comme autant de micro-évènements ayant compté dans la vie d’Olga. Surtout l’Olga-Marie-Thérèse petite fille, entre Guyane et Martinique. Tout cela finira en métropole sans pour autant que les terres lointaines de Guyane ou Martinique figurent comme des paradis perdus. De paradis, il n’y eût point semble-t-il. Mais le paradis existe-t-il ?
Il y a de l’ambiance un peu « Modianesque » dans ces faits relatés. De mémoires racontées, ou de seconde main, à des situations toujours un peu floutées. Et puis Philippe Annocque n’hésite à se mettre lui-même en scène, par petits bouts, en tant qu’écrivain de ces « singes rouges ». C’est assez inusité.

»Hier ils se sont parlé au téléphone. Elle avait regardé une émission sur la Guyane. Il lui a demandé si ça lui avait rappelé des souvenirs. Il avait à l’esprit celui qu’on vient de lire ci-dessus, recopié tel quel dans une première version de ce livre. Oui c’était à la première personne, à la deuxième, aux deux. Ce livre est aussi un livre de souvenirs – un livre de souvenirs qui ne sont pas les siens. Elle lui a répondu que non, ça ne lui rappelait rien. Le carnaval était une fête populaire. Elle cherche les mots. Tous ces gens. Ce peuple. Quelque chose à éviter. Il pense à sa grand-mère. Ses craintes. Bien sûr, quelque chose à éviter. »

Une lecture fluide quand on a compris le propos, qui attise la curiosité du lecteur et suscite la sympathie pour une petite fille qui a dû se battre pour exister …