L'écharpe oubliée
de Laure de Pierrefeu

critiqué par Bernard2, le 6 novembre 2023
(DAX - 75 ans)


La note:  étoiles
Aider à mourir, aider à vivre
Claire est graphothérapeute, métier peu connu qui consiste en une psychothérapie par l'écriture. Par ailleurs, en tant que bénévole, elle accompagne dans un établissement spécialisé les personnes en fin de vie.
C'est ainsi qu'elle apporte son aide à Henri, 90 ans, avec qui les rapports iront bien au-delà d'un simple rôle d'accompagnement. Un grand niveau de confiance s'installe et Henri confie à Claire un lourd secret jusque là bien gardé, et qui pèse depuis longtemps sur sa conscience.
En parallèle, nous suivons Claire dans son activité professionnelle, où elle soigne Hugo, un enfant aux troubles psychologiques importants, et dont elle identifiera les causes.
Beau roman, avec beaucoup de puissance émotionnelle et de sensibilité. Même s’il s’agit d’une fiction, son sens des réalités, difficiles parfois, nous conduit à nous interroger sur notre propre vie. Dans un monde où la mort se veut trop souvent ignorée, il est important de rappeler qu’elle fait partie de notre condition humaine, qu’elle est digne, et que nous y sommes tous confrontés à un moment ou à un autre.
Confidences pour confidences 10 étoiles

Claire a bientôt 50 ans ; deux ans auparavant, Vincent son mari et père de ses filles, Charlotte de 18 ans, et Maud de 21 ans est mort d’une crise cardiaque pendant son jogging.
Elle est graphothérapeute, dans un cabinet de psychothérapie.
Mais le vendredi, c’est son jour de bénévolat à la maison médicale de Saint-André entièrement dédiée aux soins palliatifs ; depuis 4 ans, elle fait partie de la centaine de bénévoles intégrée dans les équipes soignantes.
Parmi les personnes qu’elle accompagne, sa rencontre avec Henri Malcor va dépasser le cadre de ses visites habituelles. Un homme difficile à cerner ; mais leurs échanges forts, intimes, aideront les deux, l’un vers un départ apaisé, l’autre vers un nouveau départ plus léger, l’un comme l’autre libérés de leur fardeau
Et puis il y a Hugo un petit garçon couvert d’eczéma, amené par sa maman, parce qu’il n’écrit plus ; puis par son papa. Une autre rencontre, un autre rapport humain, une autre façon d’aider.

L’écharpe oubliée, c’est d’abord celle de son institutrice décédée subitement alors que Claire avait 10 ans. "Elle ne peut pas être morte puisque son écharpe est là." C’est aussi celle que porte en permanence Henri autour de son cou. La preuve que l’autre est toujours là

Moi qui pensais ne pas être capable de lire un tel livre dans cette période compliquée et douloureuse de la fin de vie de ma maman, j’ai trouvé dans ce récit tant de belles choses, tant d’espoir dans ce superbe récit, qui réussit à éviter le pathétique, à rendre le départ comme une étape dans un lieu où on accompagne en douceur les malades, avec un immense respect.
J’ai découvert ce qu’était un deuil blanc, quand un proche est atteint d’Alzheimer et qu’on perd celle ou celui qu’on aime même si elle ou il est physiquement avec nous.

L’autrice nous livre dans une note de fin de livres quelques éclaircissements qui rendent son récit encore plus émouvant. Magnifique.

Marvic - Normandie - 66 ans - 14 novembre 2024