Les Kurdes en 100 questions - Un peuple sans État
de Boris James, Jordi Tejel Gorgas

critiqué par CHALOT, le 2 novembre 2023
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
un document pédagogique éminent
Les Kurdes
Un peuple sans Etat
essai de Boris James et de Jordi Tejel Gorgas
éditions Tallandier
376 pages
septembre 2018

Un document pédagogique , 100 clés pour comprendre


Qui ne s'est pas émerveillé devant le courage des combattants et combattantes kurdes à Kobané qui ont vaincu les islamistes ?
Qui n'a pas tremblé pour eux ?
Ils ont été quasiment abandonnés par les puissances occidentales.
A lire ce document qui répond à 100 questions clés, c'est le lot commun de ce peuple que d'être trahi par les alliés d'hier ou par ceux qui leur avaient fait des promesses.
Les auteurs expliquent d'où vient ce peuple qui jamais n'a eu d'état national unifié.
Ils nous font découvrir la réalité et la diversité de ce peuple qui est disséminé dans quatre états : la Turquie, l'Irak, l'Iran et la Syrie.
Les kurdes ont connu des périodes plus fastes que d'autres : ils ont eu parmi eux, « l'un des souverains médiévaux les plus célèbres et les plus brillants » : Saladin.
C'était au 12 ème siècle .
Certains mythes ont la vie dure comme celui qui met sur un piédestal Atatürk :
les kurdes se rappellent bien de la répression , dès 1923 quand le Kurdistan fut annexé par la Turquie sans donner de droits culturels et sociaux aux kurdes et en 1937-1938 avec l'extermination d'une partie de la population à Dersim.
Les autres états ne sont pas en reste : La « révolution » iranienne de 1979 et l'élimination physique par les fous de dieu de leurs alliés kurdes, Saddam Hussein et les gazages en septembre 1988.
Ce peuple est traversé de courants politiques, divers, parfois opposés, certains ont disparu, d'autres se sont affirmés en se rénovant :
le PKK est le parti le plus honni par Erdogan notamment mais c'est aussi le plus puissant, sachant construire sa toile en créant des associations de masse et des partis frères dans les autres pays et en changeant de corpus.
Le PKK aujourd'hui prône  « l'autonomie démocratique comme la solution au problème kurde »
Ce document nous parle des racines de ce peuple, de la géographie et de l'économie de ce pays non rassemblé et les auteurs ne masquent aucune réalité, aucune contradiction.
Le lecteur même néophyte comprend mieux pourquoi les despotes et même les grandes puissances occidentales ne veulent pas qu'existe un état kurde indépendant  :
L'autonomie démocratique est une idée qui peut s'exporter et peut-on laisser ce sous sol riche en gaz et en pétrole dans les mains d'un peuple qui se veut libre et indépendant ?!

Jean-François Chalot