Ma vieille tantine qui pue de la gueule, a un énorme fibrome et se déplace avec un déambulateur pourrave
de Éric Dejaeger, Jean-Loup Nollomont, Pascal Weber

critiqué par Débézed, le 2 novembre 2023
(Besançon - 77 ans)


La note:  étoiles
Les tribulations de tantine
L’ami Eric a recruté deux talentueux aphoristes : Pascal Weber et Jean-Loup Nollomont pour rédiger un nouveau recueil de micronouvelles sulfureuses dans la maison qu’il a créée pour éditer ce type de livres. La littérature trash est une genre littéraire qui existe, certains l’apprécient d’autres moins, ce n’est pas une raison suffisante pour ne pas en parler. Les trois compères se sont partagé la tâche : chacun a rédigé une vingtaine de micronouvelles mettant en scène cette fameuse tantine en la nommant chaque fois avec l’intégralité de ses attributs. « Devant les insomnies à répétition de ma vieille tantine qui pue de la gueule, a un énorme fibrome et se déplace avec un déambulateur pourrave, Morphée a finalement laissé tomber les bras ».

Eric est un spécialiste du genre, j’ai déjà lu et commenté plus de vingt opus de sa plume, je sais de quoi il est capable et je connais les limites qu’il ne s’est pas fixées. J’ai lu et commenté aussi les deux autres auteurs mais dans une nettement moindre quantité. Ils s’aventurent plus rarement sur le terrain trash qu’Eric affectionne particulièrement. Mais, même en lisant attentivement les diverses micronouvelles de ce recueil, je n’ai pas réussi à identifier de quelle plume chacune était l’enfant. Il se dégage une telle homogénéité de ces micro-textes qu’on les croirait écrit par un seul et même auteur. Mais comme je connais tous les auteurs de ce recueil, je sais qu’il n’en est rien. Ils ont tous les trois le talent, la pertinence, la vivacité d’esprit et la culture nécessaire à tout bon aphoriste.

Que leur source d’inspiration soit pour une fois des histoires trash cela ne retire rien à leurs qualités littéraires et à leur capacité à concentrer en quelques mots seulement une situation ou un événement quelconque jusqu’à c qu’il n’en reste que la quintessence. J’ai relevé, un peu au hasard, ce texte qui est tout à fait représentatif des soixante que contient le recueil. Son contenu est drôle, son fond est subtil, sa morale est pertinente et sa formulation ne manque pas d’une certaine fulgurance : « Après deux examens de passage pour piéton, ma vieille tantine…, vient enfin d’être admise sur le trottoir d’en face avec les félicitations de la police locale ».

Ces micro-textes ont tout de même une petite parenté avec les aphorismes habituellement édités par cette maison spécialisée en la matière.