Contes kurdes de Dersim: Sanikê kirmanciya Dêsimî
de Ziya Aydin

critiqué par CHALOT, le 25 octobre 2023
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
Les contes : patrimoine culturel d'une richesse incalculable
Contes kurdes de Dersim
livre en Kurde et Français
écrit par Ziya Aydin



Les contes : patrimoine culturel d'une richesse incalculable


Le peuple Kurde est riche en histoire et en patrimoine.
S'il a subi durant de grandes périodes la répression de puissances refusant sa spécificité et son indépendance, il maintient coûte que coûte la transmission de sa culture contre le joug répressif.
Le Kurdistan a perdu son autonomie au milieu du 19ème siècle contre l'empire ottoman.
Son peuple résistera et continuera à combattre pour la reconnaissance d'une autonomie qui lui sera refusée par différents gouvernements répressifs et notamment celui de Turquie qui en 1923 écrasera après la proclamation de la République le soulèvement kurde.
L'auteur nous offre 27 contes traditionnels qu'il a écoutés , enfant ou retrouvés.
Chacun d'eux est écrit en kurde puis en français.
Au début de ce livre, il nous parle de ce peuple, de son histoire, de sa singularité et des difficultés qu'il a connues et qu'il connaît pour préserver sa langue, sa culture.
Rien ne plaît aux forces obscures qui veulent écraser ce peuple, même la religion aléviste qui se reconnaît d'un islam de tradition universelle et originelle, aux antipodes de l'islam politique.
Ces histoires nous plongent dans la mythologie et nous montrent que l'humanité n'est pas faite de frontières fermées, beaucoup de ces contes nous parlent, nous rappellent d'autres, certains de Grimm ou de traditions européennes, asiatiques ou africaines.
Nous sommes dans nos racines propres ou communes : les femmes n'ont pas toujours le beau rôle et notamment les belles mères, d'autres, moins nombreuses mais dotées d'une grande force réussissent à écarter les forces du mal, les monstres, les sorcières, les cyclopes et autres puissances maléfiques.
Les animaux ont une âme et sont souvent personnifiés pour notre grand plaisir, nos rires et nos larmes.
Qui ne connaît pas moitié de poulet qui va demander au roi les 100 écus qu'il lui doit ?
Ce brave volatile fait des rencontres fortuites qu'il embarque avec lui, ce qui lui permettra de récupérer son bien.
Ici, c'est un coq qui va récupérer les deux centimes et demi détenus par le roi d'Egypte.
Nous sommes à Dersim, au Kurdistan réel, loin de chez nous géographiquement et si près.
C'est une composante de notre culture commune !

Jean-François Chalot