L'Âge des low tech: vers une civilisation techniquement soutenable
de Philippe Bihouix

critiqué par Maufrigneuse, le 25 octobre 2023
(Saulieu, Bourgogne - 35 ans)


La note: étoiles
Vers une civilisation techniquement soutenable
Avec cet essai passionnant, Philippe Bihoux expose avec précision les multiples limites auxquelles nous sommes confrontés, de l'épuisement des ressources minérales à la perte de biodiversité, en passant par les problèmes liés au pétrole et au climat. Bien que la première partie soit documentée avec rigueur et soutenue par des chiffres et des références, le lecteur averti pourrait trouver certains éléments datés, puisque le livre a été publié initialement en 2014, même si la réédition de 2021 apporte des mises à jour importantes.

La force du livre réside dans sa deuxième partie, où l'auteur explore le concept de low tech et son application dans tous les aspects de notre vie quotidienne. En tant qu'ingénieur, l'auteur offre des analyses détaillées des implications de l'utilisation des technologies quotidiennes, soulignant la nécessité de revoir nos choix technologiques pour le bien-être de la planète. Cette section est incontestablement le point culminant du livre, offrant des perspectives pratiques et tangibles pour un avenir plus durable.

La troisième partie du livre se dirige vers la politique fiction, décrivant un monde où les low tech dominent. L'auteur réussit à rendre cette vision de l'avenir attrayante, même si certaines de ses propositions semblent extrêmes et controversées. Malgré l'ironie parfois peu subtile et les opinions politiques marquées de l'auteur, il parvient à susciter un sentiment d'optimisme quant à la possibilité d'une société plus écologique.

Cependant, le livre présente quelques faiblesses, en particulier dans sa quatrième partie, où l'auteur aborde la question de la transition. Il reconnaît lui-même son manque d'expertise économique, ce qui se reflète dans les lacunes de son analyse sur les conséquences économiques et sociales de la transition vers une société low tech. Les questions cruciales liées au financement des services publics et au mode de vie des individus ne sont pas suffisamment approfondies, laissant ainsi des zones d'ombre dans son argumentation.

L'idée la plus provocatrice et novatrice du livre est celle de la suppression de la rémunération du capital, soulevant des questions essentielles sur le modèle économique de la transition vers une société écologique. La transition ne peut-elle être que communiste ? Cependant, cette proposition reste largement non développée, laissant les lecteurs curieux et en quête de réponses supplémentaires.