Seule Venise
de Claudie Gallay

critiqué par Kilis, le 28 novembre 2004
( - 78 ans)


La note:  étoiles
C'estun roman, c'est une musique.
Seule Venise.
Deux mots, choisis, qui disent tout déjà.
Tous les mots de ce livre sont choisis. Pas un n’est de trop, chacun est à sa place, unique. Et ceux qui ne seraient pas dits, sont à leur place, aussi bien.
C’est un roman, c’est une musique. Douce et violente, avec des élans impulsifs, des reprises lancinantes, des mouvements arrêtés, soudain.
C’est une histoire. Celle de la guérison d’un chagrin trop grand, d’un amour trop petit. Celle qui souffre c’est une femme. Une femme qui se cherche dans l’hiver de Venise, qui s’y perd et s’y retrouve peu à peu au travers des rencontres, d’autres destins, d’autres solitudes… tous attachants.
C’est Venise décrite, avec les pinceaux de Turner ou de ce peintre Zoran Music, ombre fragile que l’on croise dans la brume, dans le brouillard. C’est la neige. C’est l’eau de la lagune, ses odeurs, ses couleurs, ses reflets, ses nuances…
C’est un livre, c’est la vie.
C’est beau.
Très.

« Hemingway venait là lui aussi. Et puis Barrès, Proust, Morand…
(…..)
- Vous les aimez tant que ça tous ces gens ?
- Je les aime oui.
- Tellement ?
- Tellement.
- Et vous venez là parce qu’ils sont venus ? Les livres ne suffisent pas ?
- C’est la vie qui ne suffit pas.
- Mais les livres, ce n’est pas la vie ?
Vous souriez
- Peut-être que vous avez raison. »
Un récit plein de poésie vénitienne 9 étoiles

Une fois de plus Claudie Gallay nous entraine dans un roman qui dégage une ambiance profonde et presque mystique. La narratrice que nous appellerons "elle" puisque nous ne connaissons pas son prénom fuit un amour perdu en s’abandonnant au charme de Venise et ses mystères. Elle y rencontrera des personnes hautes en couleurs avec comme souvent dans les romans de cette auteure des passés encombrants et une vie écorchée.
J'ai beaucoup aimé la sensibilité, la poésie et la profondeur de ce roman. Il n'y a que très peu de descriptions, pas de lourdeur et pourtant nous ressentons parfaitement la douleur de chaque personnage. Ce roman se lit très vite, c'est peut-être le seul reproche que je pourrais lui faire: j'aurais aimé rester plus longtemps plongée dans cette atmosphère.
Encre une fois Claudie Gallay ne me déçoit pas.

Poki - - 50 ans - 19 mai 2012


Un beau roman d’atmosphère… 10 étoiles

Une auteure au talent assez habile pour vous attirer avec elle, dès les premières lignes, à l’intérieur de cette atmosphère intime, qui vous y retient à votre insu, sans aucune violence, mais dans une langue ajustée aux émotions et à la détresse de son personnage, tel que souligné en quatrième de couverture…
Venise que je n’ai jamais vue, mais dont j’ai l’impression de revisiter en d’autres circonstances, en hiver, délestée de ses touristes habituels, en compagnie de cette femme boulimique à la recherche d’un nouveau souffle de vie, dont j’ignore le nom..., et d’un libraire amoureux de sa cité.
Je suis toute aussi envoûtée par les autres personnages; le généreux Luigi et sa solitude, ses fleurs et ses chats; le prince russe, tout aussi solitaire et ses terribles souvenirs d’exilé et son ami Tolstoï…; Clara, la belle ballerine et son amoureux jaloux.
Pendant quelques heures, j’ai voyagé à Venise en hiver, un séjour inoubliable dans une humble pension, sans jamais quitter mon hiver québécois; j’ai adoré cette lecture et son auteure!

FranBlan - Montréal, Québec - 82 ans - 18 février 2012


un chapelet de clichés 1 étoiles

Comme dans "Les déferlantes" Claudie Gallay aligne les effets faciles et attendus : ici on est à Venise dans une pension de famille, alors forcément on a un prince russe paralysé, une jeune danseuse qui fait ses exercices au salon, un libraire solitaire avec un chat... Forcément il fait froid et il pleut sur Venise, ça fait tout de suite mieux qu'un grand soleil ...
Et bien sûr on se retrouve dans un bar qu'ont fréquenté Hemingway, Proust etc
La narratrice a du vécu dans la souffrance amoureuse puisque Trévor (tiens si ça n'est pas du cliché un nom pareil!) vient de la quitter, mais qu'à cela ne tienne, elle est déjà mûre pour une autre aventure.
Heureusement le libraire qui, le peu de fois où ils se sont croisés a dû sentir qu'il allait s'ennuyer ferme avec elle, a renoncé à aller plus loin, on le comprend car comme rabat-joie elle se pose là!

J'étais une inconditionnelle de la collection Babel, désormais je me méfierai un peu.

Marimori - Gif-sur-Yvette - 73 ans - 14 décembre 2011


Silence et solitude 7 étoiles

Roman intimiste qui met en scène une jeune femme fuyant les lieux de sa récente rupture amoureuse et choisissant de passer son Noël à Venise pour tenter de meubler sa solitude et panser ses déchirements.

L’ambiguïté du titre pourrait se décrypter de deux manières, sa lecture devenant «Seule Venise pourrait me reconstruire» ou encore «Seule à Venise» ; tenant compte du style haché et laconique de l’auteure, les deux interprétations me paraissent cohérentes avec le sujet traité.

Encore qu’en mode plus mineur et plus épuré, cet ouvrage m’a semblé déjà contenir en germe toute la force, le désespoir et la solitude qui auront tant marqué l’extraordinaire roman que fut «Les déferlantes», publié quatre années plus tard.

Débarquant dans la petite pension de famille tenue par un vieil ami oublié des siens, l’héroïne de «Seule Venise» se confronte avec d’autres solitudes : un prince russe déchu cultivant ses souvenirs, un couple d’amoureux en passe de rupture, un libraire qui se cherche, marqué par Auschwitz. La cité lacustre un jour ou l’autre destinée à sombrer, le sel et la lagune érodant doucement les murs de la ville, la marée haute coïncidant avec cette basse saison touristique de fin d’année, tout concourt à renforcer l’atmosphère de déploration et de dérisoire qui sous-tend ce roman.

Une fois tournée la dernière page, l’on se prend à trouver des ressorts communs avec «Les déferlantes». C’est le rôle de médiatrice active dévolu à l’héroïne au contact des autres solitudes rencontrées, c’est un univers en vase clos et c’est encore à l’issue du roman, le départ soudain des différents personnages vers leurs diverses destinées …

Ori - Kraainem - 89 ans - 16 juillet 2011


Très beau moment 10 étoiles

J'ai beaucoup aimé ce roman, je vais le conseiller à toutes mes amies qui lisent, c'est magnifique, envoûtant, à ne pas manquer!

Flo29 - - 52 ans - 10 mai 2011


superficielle solitude 4 étoiles

Je n'ai pas été touchée. Oui,l'auteur raconte bien Venise.Et la solitude. C'est joli.Des phrases courtes,minimalistes,comme asphyxiées.Le souffle trop court. L'effet est étrange.Un peu désagréable.Quelques jours, quelques semaines dans la vie d'une femme.
Mais on ne la connait pas. On ne sait pas ce qu'elle veut.Ce qu'elle va devenir.Elle n'est même pas sympathique. Elle erre dans une ville de conte et croise des personnages trop littéraires et "photogéniques" pour être crédibles. Alors peut être que la crédibilité,on s'en moque. Mais c'est tellement facile de raconter une danseuse,un prince russe,un libraire mystérieux...qui croise ce genre de personnages dans la vie ? On croise des profs en vacances et des retraités,pas des princes.Enfin cela m'a gêné.Ce n'est pas mauvais,il faut juste accrocher au style vraiment particulier de l'auteur.

Valadon - Paris - 43 ans - 6 janvier 2011


DIRECTE.. CLAIR.. VENISE.. SEULE.. HIVER. 8 étoiles

Mon amie me l’a conseillé. Je l’ai lu. Il m’a plu.
Plein de rencontres, de belles rencontres. Une rupture comme tant d’autres. Une issue Venise. Pourquoi? Pourquoi pas. Un prince. Et oui. Un prince russe. Un libraire. Les livres j’adore. L’auteur du livre. clair précis. Pas un mot en plus ni en moins, une perfection.. oups cela n’existe pas.. Sympa à lire une bonne bouffée d’air et d’eau. Bonne lecture

Pauline3340 - BORDEAUX - 56 ans - 21 septembre 2009


Le roulis des phrases courtes 8 étoiles

D’ordinaire, les phrases courtes, ça me saoûle ! Sujet, verbe, complément (quand on a de la chance, parce que souvent le sujet s’est fait la malle, le verbe a été avalé ou alors c’est le complément qui ne complète pas). Autant dire que les phrases complexes, on peut oublier. Et donc, au bout de la deuxième page de ce traitement congru, j’ai eu très très peur… Oh non, pas ça, pitié, une phrase de dix mots, ça ne doit pas être insurmontable… Et puis, tout doucement, un rythme s’installe. La cacophonie prolixe du quotidien s’estompe, ne restent que les mots essentiels. Et là, une fois la chaloupe à la mer, j’ai ressenti ce bercement comme parfaitement adéquat et même nécessaire au propos.

Cette femme de 40 ans qui fuit un amour déçu à Venise m’a touchée à travers les quelques rencontres qu’elle fera : un prince russe, un libraire, un couple touriste, Luigi qui lui loue une chambre. Rien d’extraordinaire dans leurs dialogues et pourtant une qualité d’échange peu commune, une intensité rapide et riche.

Saint-Germain-des-Prés - Liernu - 56 ans - 26 janvier 2009


Seule et unique 7 étoiles

Claudie Gallay excelle décidément dans l’art de dépeindre les lieux et les personnages. Après les déferlantes et son immersion dans l’univers maritime de la Hague, c’est à Venise que cette lecture m’a transportée. A nouveau la mer, et à nouveau des conditions climatiques difficiles. L’action se situe au mois de décembre, et Venise est alors très froide et humide. Nous sommes loin de l’image d’Epinal de la ville emplie de touristes attendant leur tour pour une promenade en gondole. Et malgré tout, on a envie de la découvrir telle que l’auteure nous la dépeint. Onvoudrait planifier sur le champ un Noël à Venise.

Autre similitude entre les deux romans : l’intrigue. Une fois encore l’héroïne est une femme seule, qui a fui la fin d’un amour. Dans les déferlantes, c’est la mort qui était venue anéantir une passion. Ici c’est une rupture brutale. Et dans cette ville désertée et glacée, cette femme va panser ses plaies, réapprendre à aimer et faire des rencontres marquantes. Car dans la pension de famille où elle s’est installée, nombreuses sont les personnes qui comme elle ont des failles et des blessures, ce qui les rend toutes plus attachantes les unes que les autres.

Luigi tout d’abord, le propriétaire de la pension, solitaire et silencieux. Et qui attend sa fille inlassablement. Carla ensuite, jeune danseuse tiraillée entre son amour pour Valentino et son envie de partir pour faire carrière. Le prince russe aussi, qui ne sort plus depuis des années et que l’arrivée de cette nouvelle pensionnaire va faire renaître. Le libraire enfin, homme taciturne amoureux des livres et de Venise, et avec qui notre héroïne aimerait « qu’il se passe quelque chose ». Ces personnages, on les aime tous d’emblée. De toute évidence Claudie Gallay a une préférence pour les lieux et les gens meurtris, abîmés par la vie et ses hasards. Ceux pour lesquels il faut se donner la peine de gratter la surface si l’on veut avoir une chance de vraiment les connaître. Ne pas s’arrêter aux apparences. D’ailleurs, en littérature comme dans la vie, ne sont-ce pas ces personnes là qui sont les plus intéressantes et que l’on aime le plus ?

Aliénor - - 56 ans - 11 novembre 2008


on sent la lagune 10 étoiles

quelle poésie! Ce roman tout en douceur hivernale est simple, très évocateur dans ses descriptions. L´auteure réussit par l´utilisation de mots justes et de phrases courtes à nous plonger dans cette ambiance vénitienne où elle se promène avec le lecteur et nous fait découvrir le destin de ses protagonistes. J´en redemande.

123... - - 55 ans - 30 janvier 2007


Venise en hiver 6 étoiles

Me voici un peu embarrassée au moment de parler de ce livre. J’avais énormément aimé « l’office des vivants » paru en 2001, et j’espérais peut-être retrouver cette atmosphère forte et douloureuse, alliée à une écriture simple et percutante. Dans seule Venise, j’ai aimé le début : une femme qui ne se remet pas d’une rupture amoureuse prend le train pour Venise, comme ça, par hasard, pourquoi pas Venise, et j’ai aimé la fin. J’ai aimé ces mêmes phrases courtes, incisives et fortes. Entre temps, et pendant hélas les trois-quarts du livre, je me suis ennuyée. Peut-être tout simplement parce que je ne connais pas Venise, et qu’ainsi les descriptions n’ont pu réfléchir pour moi d’atmosphère particulière. Il y a bien Luigi le patron de la pension, le vieux prince russe avec qui elle passe ses soirées, le libraire qu’elle aimerait aimer, le couple bancal de Carla et Valentino, et tout du long une sombre mélancolie, mais non, malgré cette valse des amours contrariées, il me manque toujours le charme de Venise, j’y suis restée totalement extérieure.

Laure256 - - 52 ans - 29 janvier 2006