J'ai nom sans bruit
de Isabelle Jarry

critiqué par Clarabel, le 25 novembre 2004
( - 48 ans)


La note:  étoiles
Tendre et âpre à la fois
La narratrice quitte Paris en auto-stop et part se réfugier à la campagne, dans une petite maison où elle a coulé des jours idylliques avec son compagnon, Philippe. Mais cet homme est mort, la laissant complètement démunie avec leur fille, Nisa. D'ailleurs Nisa a été confiée aux soins d'une assistance sociale, tandis que la narratrice se retrouvait à la rue. Devenue SDF pendant des mois, elle va tenter de surmonter son chagrin, son deuil et de reconquérir sa dignité perdue. A la campagne, elle va faire communion avec la nature, rencontrer un viticulteur et s'enfermer dans un silence de plus en plus désarmant. Car au-delà du matériel et de l'affectif, la narratrice va perdre un élément beaucoup plus intime et personnel. Ebranlée, elle confie son désarroi dans un roman très douloureux, très âpre et délicat à la fois. Elle était poète, elle a aujourd'hui perdu l'usage des mots. Ce qui trotte dans sa tête reste des poèmes du XVe siècle. Après avoir surmonté l'humiliation, la saleté, la pauvreté et la solitude, elle tente aujourd'hui de se surpasser : récupérer sa fille, certes, mais récupérer le langage, le poids et le sens des mots. "J'ai nom sans bruit" est le roman d'un combat, d'une défaillance et d'une spirale angoissante. Une femme sombre dans le chagrin et c'est la débandade. Isabelle Jarry racontre avec beaucoup de sobriété cette histoire, jonglant entre les doutes, les angoisses, la déroûte. Toutefois, j'ai trouvé la fin assez légère, alors que le roman possédait une certaine tonicité, une puissance narratrice presque farouche. Cette fin m'apparaît quasiment en demi-teinte. Pour le reste, très percutant ! Les libraires du groupe Initiales lui ont attribué le prix du Roman de l'automne !
La pudeur d’une déliquescence. 8 étoiles

Que rajouter de plus à une critique quand on se trouve en symbiose, à part confirmer.
Clarabel prend le ton d’Isabelle Jarry, cette aménité du langage dont le titre est déjà une notule du texte.
Ce roman aurait pu en rester là simplement, parmi des heures de lecture que le temps estompera. Mais, j’ai de la chance d’habiter dans une ville ou depuis bientôt 10 ans est organisé des cafés littéraires. Une dizaine d’écrivains sont invités à converser avec son public, dispersés chacun dans un établissement différent. Ils sont amenés à débattre sur leur dernier ouvrage ou suivant le fil de la conversation vers un sujet qui les interpelle, orchestré par un « animateur » en dilettante.
En 2004, j’avais choisi la rencontre d’Isabelle Jarry. Il m’en reste un souvenir à la hauteur de ces mots, de sa sensibilité. Cette expérience reste gravé en moi. C’est un moment intime entre l’écrivain et son public. Une belle relation pudique et sincère que je souhaite à tous un jour de connaître. Un échange riche et précieux, qui donne une autre dimension à ces écrits.
Bien sur, le personnage passe ou ne passe pas. Mon choix était inspiré par son livre, il y a des écrivains qui gagnent à être connue et elle en fait partie.

THYSBE - - 67 ans - 8 février 2005


J'ai nom sans bruit 6 étoiles

Un peu déroutant. On sent la lutte âpre de l'héroïne pour survivre malgré tout et récupérer son enfant, mais on reste un peu sur sa faim. Certains passages sont très poétiques, d'autres un peu long.

Nounours - FLEVILLE DVT NANCY - 59 ans - 27 janvier 2005