Facéties
de Eric Rondepierre

critiqué par JPGP, le 15 septembre 2023
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Eric Rondepierre le farceur
Maître drolatique des abimes du logos, Eric Rondepierre crée un texte en deux parties sous diverses possibilités d'ersatz (de Artaud à Louison Bobet) pour mettre à mal touts les prétentions aux exhibitions de ses semblables dont l'existence n'est pas forcément avérée. De telles variations donnent lieu à des rencontres improbables et des constellations figuratives qui n'ont cesse une fois données de se détruire pour aller voir ailleurs si l'auteur y est et pour les reconstruire.

Cela ne mange pas de pain mais crée un beau livre. D'où ces suites de facéties plus ou moins incertaines et plutôt plus que moins. Tous les gestes des personnages réunis ici sont donc sujets à caution et doivent être saisis avec une extrême précaution. Même les signes d'évidences seront considérés comme négligeables d'autant que l'auteur en avançant vers la vérité ne cesse de la faire reculer comme si un tel témoin douteux devenait un serpent se mord la queue.

D'où le plaisir à lire de telles turpitudes et déviances d'usages. Nulle question pour lui de défendre ce qui lui est arrivé - ou pas. Mais l'ensemble devient le plus séduisant manuel d'inutilité pervers, grotesque, insignifiant, pathétique (enfin presque) où la question de leur valeur importe peu. Ce qui compte reste le mouvement corrosif et jouissif d'un tel lieu des non lieux. " La laine chaude de leur mensonge" en divers "cirques divers" enveloppe comme dans un nuage coruscant. Que demander de mieux pour toucher à l'Eden littéraire et mordre la poussière sur la piste de ce qui est ?

Jean-Paul Gavard-Perret