Le faucon déniché
de Jean-Côme Noguès

critiqué par Froidmont, le 13 septembre 2023
(Laon - 33 ans)


La note:  étoiles
Un auteur bien cruel
- Vous avez l’air peiné. Qu’y a-t-il fauconnier ?
- C’est ce damné manant, ce gamin de douze ans, ce fichu rejeton issu d’un bûcheron ! Il vole un hobereau, m’ose prendre de haut, et pour le remercier de ce qu’il a sonné le tocsin prévenant d’un danger imminent, le seigneur ferme l’œil et lui fait bon accueil. Mais il oublie ainsi que ce chien de prairie a enfreint une loi, qu’enfermé de bon droit, il a quitté sa geôle. Et ce diable l’enjôle ! Perdre un si beau faucon … pour un maudit garçon … Et sans cette algarade … Cela me rend malade !
- Tout finit par passer.
- Je sens bien qu’il me hait.
- Le seigneur ? Le gamin ?
- Les deux, car c’est tout un …

Roman qui se lit bien, vivement, sans un frein. C’est un petit plongeon à l’ère des donjons, au temps des chevaliers : la féodalité ; mais c’est aussi le temps des hères, des manants, des invisibles gens écrasées par les grands.

Le point qui m’a moins plu, c’est une fin trop crue, balancée sans façon et sans préparation. Il est dur de finir, d’amener au nadir le soleil d’un récit. Et s’il est vrai aussi que dans un lectorat un seul et même choix peut être qualifié de bon ou de mauvais, la fin de ce roman, tout objectivement, me semble bien mauvaise. Expliquons cette thèse. Tout bon récit se doit en de nombreux endroits de préparer sa fin, de l’annoncer afin qu’elle semble logique. Et c’est là qu’est le hic : Noguès n’annonce rien de cette rude fin. Elle en est plus cruelle, non pas touchante et belle, car elle a la couleur, le ton et puis l’odeur d’un vulgaire accident. Posons en dévoilant : il n’était pas utile quand une main fragile se ravise et choisit d’épargner une vie qu’une autre main passant la fauche à cet instant ! Pourquoi fallait-il donc que l’on tue ce faucon ? Faire naître l’espoir, l’arracher sans surseoir, c’est être bien cruel ! Quand agir comme tel ne nourrit nul projet, c’est un cas aggravé.