Paradis ! Paradis !
de Gilles Laurendon

critiqué par Sahkti, le 19 novembre 2004
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Le paradis, c'est peut-être la liberté
Le résumé de l’éditeur m’a intriguée… "C'est l'histoire d'une jeune femme qui ment pour rendre le monde supportable. L'histoire de sa famille, des Tsiganes qui savaient faire danser Dieu sur leurs violons. L'histoire d'une persécution, des larmes de ceux qu'on a empêchés de jouer."
Il était aussi question de Saint Brendan. Il n’en fallait pas plus.

Simon Golberg est un jeune cinéaste, passionné de films et de récits d’aventures, qui vit à Paris avec un groupe d’étudiants dont la plupart sont originaires des pays de l’est. Un soir, il fait la connaissance de Oona, une jeune chanteuse issue de la communauté tzigane, celle "qui fait danser Dieu sur son violon". Coup de cœur pour Simon, il tombe amoureux mais Oona ne veut pas d’une relation sentimentale. Les violences de son enfance et le lourd passé lié à sa famille l’empêchent d’aimer durablement. Oona ressemble à une jeune animal farouche qu’il faut apprivoiser en douceur, elle souffre et fait souffrir, cercle infernal dont elle a du mal à sortir.
Ce livre n’est pas qu’une histoire d’amour. C’est aussi la folle aventure de ce cinéaste qui part sur les traces de sept moines irlandais partis à la recherche du paradis à bord d’une coquille de noix. Légende vivace et envoûtante sur laquelle s’attarde Simon Goldberg.

Impossible dès lors de passer à côté du chemin tout tracé par Gilles Laurendon : chacun de nous court après son paradis sur terre, un paradis pas forcément perdu mais parfois inaccessible. Le paradis des moines dans une coquille, l’amour de Oona pour Simon, la paix retrouvée pour une communauté persécutée au fil des décennies.
L’auteur navigue allègrement entre la romance Simon/Oona et le projet de film sur le périple irlandais. Heureusement, ai-je envie de dire, car c’est qui fait la force du récit et lui donne tout son poids. Une simple histoire d’amour aurait été insuffisante, trop classique. La jeune fille victime de son passé refusant d’aimer. Il fallait aller plus loin, dégager une forme porteuse de symbolisme et Gilles Laurendon y parvient plutôt bien. Son style est assez agréable, léger et poétique, c’est un texte qui se lit facilement tout en ne manquant pas de poser des questions essentielles : que cherchons-nous exactement sur Terre ?