Soleils Vivaces
de Jean-Michel Aubevert

critiqué par JPGP, le 13 août 2023
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Le crépuscule selon Jean Michel Aubevert 
Avec Aubevert peu importe si les Ulysse font naufrages ou ne sont plus ici : il s’agit encore de se mettre à la hauteur de bien des fleurs en robe légère : il faut sans doute des sueurs « pour habiller un nu ; pour mettre des mots sur la peau du corps ». Quant à celui du cœur le poète feint de n’en souffler mot mais il demeure à la conquête d’un Graal qui après s’être nommé mère se nomme liberté. Pour y parvenir Eubevert ne cesse de modifier la perception de l’environnement dans lequel il intervient en jouant sur les narrations du présent, du passé et leur inscription dans des lieux.

« J’imagine, sans penser à pêcher contre les roses, porter un toast à la mère Renée, Rose avérée, de Rosa née, jadis étoile. Devenue mère fatale » écrit-il. Il évoque avec juste la distance nécessaire celle par qui tout commença et tout finissait déjà.  Comme si les rideaux étaient déjà tirés à tous les étages d‘une façade mais dont des rouleaux de papier Kraft du poème en prose déroulent une autre histoire tirant de la matrice première, les agneaux sacrifiés. Poignant le texte est dégagé de tout pathos. Sa rose reste la « rose de personne » chère à Celan donc la fleur de tous pour peut qu’on fasse l’effort de suivre le poète-arpenteur. Filant la métaphore Aubevert rameute toute une époque depuis celle où « parent pauvre des anges, impur dans l’ombre des prières » il devint l’amant des libertés.

Jean-Paul Gavard-Perret